Plus je vieillis plus je n'ai envie que de les entendre, elles.
De partout dans le monde. Elles ont été réprimées si longtemps. Le sont encore si trop souvent. Rien sur terre, de nos jours, ne devraient ne pas en faire des être humains tout à fait égales aux hommes. Ne serais-ce que dans les chances et opportunités dans la vie.
En 2022, les femmes, dans les films, ont été à la fois
reines (et
roi), éternelles, tout et partout, à la fois. Deux des films lancés cette année, aux États-Unis, ont été
She Said, de Maria Shrader et
Women Talking de la canadienne Sarah Polley. Plusieurs s'entendent pour dire que dans les grands honneurs Oscarisés de mars 2023, ces deux films seront assurément bien représentés.
She Said adapte en film l'enquête de Jodi Kantor et Megan Twohey, qui ont chroniqué ce qui allait précipiter la chute sociale du producteur de cinéma Harvey Weinstein, agresseur sexuel quérulant.
Women Talking, inspiré d'une histoire toute aussi vraie, raconte plus fictivement comment une communauté isolée de soeurs de congrégation religieuse, a dû encaisser les abus mâles de toutes sortes, principalement sexuels.
Les deux films partent de la même prémisse que celles qu'on veut baîllonner, faire taire, qu'on marginalisent et qui ne sont, ne serais-ce que brièvement, objet de conquête physique, parlent enfin de ce qui leur arrive. Et le dénoncent. Les deux films sont intensément vibrants.
Une journaliste des États-Unis s'est livré à un exercice, en calculant le temps que les Femmes, parlent, pour vrai, dans chaque film.
She Said, d'une durée de 122 minutes,
Women Talking, d'une durée de 97 minutes. Qui parlent vraiment ? Dans ce dernier film, les Femme parlent, débatent ou chantent pendant 38 minutes. Ce qui représente 39 % des dialogues du film. Dans
She Said, les femmes se consolent, empathisent, s'écoutent et se parlent pendant 58 minutes. Ce qui représente 48% du texte du film.
Mais il y a davantage à étudier.
Je ne sais pas si vous connaissez
le Bechdel Test, si vous ne le connaissez pas, cherchez-le sur le net, c'est toujours intéressant. J'en applique tout de suite, quelques observations. Dans
Women Talking, les Femmes se parlent beaucoup entre elles. Pendant que les hommes sont à l'extérieur du cloître religieux. Dans
She Said, elles doivent parler à bien des hommes car les journalistes travaillent pour le
New York Post, journal
qui engage majoritairement des mâles. Il y a du patriarcat très visible dans les 2 films. La prison religieuse, la prison du star système, les deux films sont très parents.
Il est toujours rafraichissant de voir des points de vues qui nous ouvrent les sens. Les deux films, contrairement à ce qu'on pourrait croire, vont beaucoup plus loin que le simple point de vue féminin. Ils obligent le mâle au miroir. À se revisiter intérieurement. Le discours sur l'oppression physique a besoin de voix de Femmes solides. Ce qui implique que les voix fragilisées doivent être rechargées. Ce que ces films aident à faire.
Il devient même jouissif, dans
Women Talking, de voir les Femmes faire taire celui qui se loge entre la
mansplaining et l'envie de les réduire au silence sur le sujet qui les étouffent. Sans pour autant ne pas se satisfaire de voir tomber un poids lourd comme Weisntein, dans
She Said.
En juxtaposant un film sur l'autre, en les greffant l'un à l'autre, on réalise que ces 2 films se parlent.
Nous parlent.
Ils disent quelque chose de beaucoup plus important que la simple dénonciation.
Ils disent principalement que parler beaucoup n'est jamais plus important que de se parler entre nous, de respect et du coeur.
Et qu'il faudra toujours, parler tant que les abus mâles, de toute sorte, corrompent les relations entre hommes et Femmes.