Catherine naquit dans un petit village de Bourgogne, à
Fain-les Moutiers (21500), huitième d’une famille de dix enfants. Elle a 9 ans quand meurt sa mère le 9 octobre 1815 et elle est recueillie, avec l’une de ses soeurs, par une tante à Saint-Rémy,
non loin de Fain. En janvier 1818, elle revient à la ferme natale, rendant ainsi possible l’entrée de sa sœur Marie-Louise chez les Soeurs de la Charité à Langres.
A 12 ans, elle assume le rôle de la mère de famille, de fermière et de maîtresse de maison. Elle commande aux serviteurs et à la servante. Son domaine, c’est le fournil, le verger, l’étable, le
poulailler et le colombier. La première, elle se lève avant l’aurore, prépare les repas qu’emportent les ouvriers aux champs, assure la traite des vaches et conduit le troupeau à l’abreuvoir
communal. Elle prend soin de son jeune frère infirme et veille au bien-être de son père quand il revient des champs ou du marché de Montbard. (21500)
Mais elle passe aussi de longues heures dans la petite église de Fain, devant un tabernacle vide, car le clergé a beaucoup diminué pendant la Révolution et le prêtre desservant ne vient que pour
célébrer les enterrements et les mariages, très raremant une messe dominicale. En elle, monte un appel. Durant "le rêve" d’une nuit, comme en parlera, ce rêve prend un visage d’un prêtre âgé,
qu’elle pense reconnaître comme étant celui de saint Vincent de Paul quand elle en verra l’image lors d’une visite aux Soeurs de Châtillon (21400) où elle suit quelques études élémentaires, de
1824 à 1826, chez une cousine qui tient un pensionnat. Elle revient à la ferme parce que la petite paysanne est mal à l’aise au milieu de ces jeunes filles de bonne famille. Son père voudrait
bien la marier, mais elle refuse. Alors il l’envoie à Paris, où son fils tient un commerce de vins et un restaurant populaire. Elle devient servante. Elle y découvre la misère des ouvriers et le
travail des jeunes enfants en usine. Sa décision définitive est prise : elle servira les pauvres. De retour en Bourgogne, elle retrouve le pensionnat de Chatillon et les Soeurs de Saint Vincent
de Paul. Son père cède enfin. Le mercredi 21 avril 1830, elle retrouve Paris et entre au " séminaire " de la Maison-Mère de la rue du Bac. Grande joie pour sœur Catherine, le dimanche suivant 25
avril. Les reliques de saint Vincent de Paul sont transférées de Notre-Dame de Paris à la chapelle de la rue de Sèvres.
Durant la nuit du 18 juillet 1830, veille de la fête de saint Vincent de Paul, elle se sentit appelée par un enfant mystérieux qui la conduit à la chapelle, "dans le sanctuaire,
dira-t-elle à son confesseur, à côté du fauteuil de Monsieur le Directeur. Et là, je me suis mise à genoux et l’enfant est resté debout tout le temps. Comme je trouvais le temps long, je
regardais si les veilleuses (les soeurs) ne passaient pas par la tribune. Enfin l’heure est arrivée. L’enfant me prévient. Il me dit : Voici la Sainte Vierge, la voici." "Je doutais si c’était la
Sainte Vierge. Cependant l’enfant qui était là me dit : - Voici la Sainte Vierge-. Je n’ai fait qu’un saut auprès d’elle, à genoux sur les marches de l’autel, les mains appuyées sur les genoux de
la Sainte Vierge". Elle s’en confie à son père spirituel, Monsieur Aladel qui ne voit qu’illusion dans ce qu’elle dit, et surtout dans les malheurs dont elle parle. Or bien vite les
événements ratifient ce que sainte Catherine lui avait dit être le message de Marie. La révolution éclate à la fin du mois, du 27 au 29 juillet.
Quatre
mois plus tard, le 27 novembre à 5 heures et demi du soir, alors qu’elle est en oraison dans la chapelle au milieu de toutes les soeurs, elle fut saisie d’un grand désir de voir la Sainte Vierge.
"Je pensais qu’elle me ferait cette grâce, mais ce désir était si fort que j’avais la conviction que je la verrai belle dans son plus beau... j’ai aperçu la Sainte Vierge à la hauteur du
tableau de saint Joseph... elle avait une robe de soie blanche aurore." "Il sortait de ses mains, comme par faisceaux, des rayons d’un éclat ravissant..." Elle entendit une voix qui lui
disait : "Ces rayons sont le symbole des grâces que Marie obtient aux hommes". Autour du tableau, elle lut en caractères d’or, l’invocation suivante : "O Marie, conçue sans péché,
priez pour nous qui avons recours à vous". La voix lui dit encore : "Il faut faire frapper une médaille sur ce modèle et les personnes qui la porteront indulgenciée et qui feront avec
piété cette courte prière, jouiront d’une protection toute spéciale de la Mère de Dieu". Une fois encore, Monsieur Aladel accueille fort mal le récit de sœur Catherine. En décembre 1830,
elle connaît une troisième et dernière apparition, mais elle ne se souvenait plus de la date exacte quand elle en parla, car elle avait obéi, ne s’en étant pas ouvert immédiatement à son
confesseur. Comme au 27 novembre, c’est à 5 heures et demie. Les rayons qui jaillissent des mains "remplissaient tout le bas de manière qu’on ne voyait plus les pieds de la Sainte
Vierge". La voix se fait entendre au fond du cœur : "Ces rayons sont le symbole des grâces que la Sainte Vierge obtient aux personnes qui les lui demandent". L’apparition a le
caractère d’un adieu. Elle reçoit ce message : "Vous ne me verrez plus, mais vous entendrez ma voix pendant vos oraisons". Deux mois plus tard, lorsqu’elle quitte la rue du Bac, la
directrice du séminaire résume ainsi ses appréciations : "Forte, taille moyenne. Sait lire et écrire pour elle. Le caractère a paru bon. L’esprit et le jugement ne sont pas saillants. Assez
de moyens. Pieuse, travaille à la perfection".
Elle est nommée à l’hospice d’Enghien. Elle s’efface peu à peu, gardant une inlassable patience. Celle qu’on surnommait la "sœur du poulailler" quittera notre monde, comme elle y avait vécu, sans
faire de bruit, sans agonie, avec un merveilleux sourire, le 31 décembre 1876. Le soir même au réfectoire, Sœur Dufès apportera le récit des apparitions, écrit le 30 octobre, après la confidence
de sainte Catherine : "Puisque Sœur Catherine est morte, il n’y a plus rien à cacher. Je vais vous lire ce qu’elle a écrit". Elle repose désormais dans la chapelle du 140, rue du Bac, à
Paris.
2° récit
Sainte Catherine Labouré (2 mai 1806 – 31 décembre 1876) est une sainte de l'Église catholique qui fut témoin des apparitions de la Vierge Marie rue du Bac à Paris, et à l'origine de la diffusion
de la médaille miraculeuse, portée aujourd'hui par des millions de catholiques.
Née à Fain-lès-Moutiers en Bourgogne, 8e des 10 enfants du fermier Pierre Labouré, elle perdit sa mère en 1815 et fut prise en charge par sa tante.
Elle entra dans la congrégation des Filles de la Charité, fondée par saint Vincent de Paul. Très pieuse, sujette à des visions ou des prémonitions (elle aurait choisi les filles de la Charité à
la suite d'un rêve sur Saint-Vincent), elle développa une affection particulière pour la Vierge Marie, ayant perdu sa mère très jeune.
Catherine raconta que la nuit du 19 juillet 1830, jour de la fête de Saint-Vincent-de-Paul, elle fut réveillée par un petit enfant qui lui dit: « Ma sœur, tout le monde dort bien ; venez à la
chapelle ; la Sainte Vierge vous attend. ». Croyant rêver, Catherine se lève, s'habille et suit l'enfant. Arrivée à la chapelle, Catherine entend bientôt le froufrou d'une robe de soie. La
sainte Vierge est là, resplendissante, et lui parle pendant deux heures, lui confiant que Dieu a une difficile mission pour elle.
Le 27 novembre 1830, Catherine rapporta que la sainte Vierge revint lors de la méditation du soir. La Vierge se tenait debout sur un globe, piétinant un serpent et portant des anneaux de
différentes couleurs d'où jaillisaient des rayons de lumière sur le globe. Tout autour apparaissaient les mots « Ô Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous »,
et la Vierge dit : « C'est l'image des grâces que je répands sur les personnes qui me les demandent » , et pour expliquer les anneaux qui ne projettent pas de rayons, elle ajouta : « C'est
l'image des grâces que l'on oublie de me demander ». Puis le tableau parut se retourner. C'est le revers de la médaille : un grand M, initiale de Marie, surmonté d'une croix. Au-dessous,
deux cœurs : celui de Jésus, couronné d'épines, et celui de Marie, percé par le glaive, douze étoiles entourant ce tableau.
Catherine entendit alors Marie lui demander de porter ces images à son confesseur, en lui disant de les frapper sur des médailles car « tous ceux qui le porteront recevront ces grâces »
.
Après deux ans d'enquête et d'observation de la conduite de Catherine, le prêtre informa l'archevêque de Paris sans lui révéler l'identité de Catherine. La requête fut approuvée et les médailles
furent frappées et devinrent extrêmement populaires. La doctrine de l'Immaculée Conception n'était pas encore officielle, mais la médaille avec les mots « conçue sans péché » influença
le pape Pie IX de proclamer, le 8 décembre 1854, le dogme de l'Immaculée Conception.
Catherine mourut 46 ans après les apparitions sans jamais avoir révélé son secret à d'autres qu'à son directeur.
Exhumée en 1933, son corps fut retrouvé parfaitement conservé, et gît maintenant dans un cercueil de verre dans la Chapelle de la médaille miraculeuse au 140 de la rue du Bac, à Paris. Le corps
de sainte Louise de Marillac repose aussi rue du Bac.
Catherine a été canonisée le 27 juillet 1947 par le Pape Pie XII. Elle est fêtée le 28 novembre.
(à suivre)
Mgr Jacques MASSON