Lire, c'est choisir de plonger dans l'univers d'un(e) autre. C'est accepter de confronter ses visions des choses à certaines qui ne sont pas nécessairement les siennes. C'est s'ouvrir les sens. C'est apprendre, découvrir, s'émerveiller, c'est voyager à si peu de frais. C'est aussi accepter d'être calibré sur le rhytme de quelqu'un d'autres, apprendre à respirer autrement pour un temps.
Et respirer, c'est vivre.
Raymond Carver nous invite toujours dans ses États-Unis modestes. Quand on lit du Carver, on ne lit par vraiment. On regarde le monde à travers les prisme de ses yeux. On l'observe comme il l'observe. Il nous parle assez simplement des États-Unis d'Amérique comme une chanson folk ou country le ferait. Il ne se place jamais au dessus des ses personnages. Carver avait des tonnes de défaut, il le savait. Tentait de les expier en les cachant ici et là, dans ses personnages. Être introduit à Carver c'est comme être introduit à un ami un peu écorniflé. Il en dit beaucoup avec de courtes phrases simples, Il semble toujours en mesure de donner de la substance à tout ce qu'il raconte, de l'humain à l'animal, de la rue, à la maison en passant par la taverne, d'un cendrier à la bouche, de la cuisine au lit.
Cynisme et mélancolie sont parfois pairé, mais plus souvent relations humaines en teintes de gris sont exposées. Presqu'à la Soviétique, Carver raconte la froideur de la vie. La froideur de styles de vie. Parfois avec humour. Il prend les choses toutes simples de la vie et les transforme en forme d'art. Le format de la nouvelle nous empêche souvent d'avoir un développement de personnages exrêmement profond, mais justement, pourtant, on arrive souvent à avoir l'impression de très bien connaître les personnages en quelques pages seulement. Ce rassemblement de nouvells réunnit trois livres de Carver. What We Talk When We Talk About Love, Would You Be Quiet, Please ? et Cathedral.
Il y a un aspect régional à ses écrits. Intime aussi. Il pourrait rejoindre l'amateur de nouvelles gothiques autant que la lectrice de Belle Comme le Fleuve de Mélissa Perron.
Il semble toujours y avoir une menace autour de chacun des personnages présentés. Sombre parfois, mais souvent juste. Adaptant parfois dans le moderne américain, des contes mythiques connus comme l'histoire de Solomon dans la bible placée dans un garage des États-Unis.
Comme il s'agit de nouvelles, ça se lit merveilleusement bien en plusieurs moments courts et sur de longues périodes. Bref et intense. Utilisanr souvent 15 mots, là où tous les autres auteur(e)s en utiliseront 25.
Trés Nord-Américain.
Folk. Country. Rock.
Carver vivait très mal et a endolori son foie fatalement avec l'alcool tout en détruisant ses poumons avec le tabac. Il est mort très précocment à 50 ans.
Âge que j'ai eu cette année.