Lire, c'est choisir de plonger dans l'univers d'un(e) autre. C'est accepter de confronter ses visions des choses à certaines qui ne sont pas nécessairement les siennes. C'est s'ouvrir les sens. C'est apprendre, découvrir, s'émerveiller, c'est voyager à si peu de frais. C'est aussi accepter d'être calibré sur le rhytme de quelqu'un d'autres, apprendre à respirer autrement pour un temps.
Et respirer, c'est vivre.
THE STORIES OF RAYMOND CARVER de RAYMOND CARVER.
Raymond Carver nous invite toujours dans ses États-Unis modestes. Quand on lit du Carver, on ne lit par vraiment. On regarde le monde à travers les prisme de ses yeux. On l'observe comme il l'observe. Il nous parle assez simplement des États-Unis d'Amérique comme une chanson folk ou country le ferait. Il ne se place jamais au dessus des ses personnages. Carver avait des tonnes de défaut, il le savait. Tentait de les expier en les cachant ici et là, dans ses personnages. Être introduit à Carver c'est comme être introduit à un ami un peu écorniflé. Il en dit beaucoup avec de courtes phrases simples, Il semble toujours en mesure de donner de la substance à tout ce qu'il raconte, de l'humain à l'animal, de la rue, à la maison en passant par la taverne, d'un cendrier à la bouche, de la cuisine au lit.
Quelques fois, trouvant l'installation s'étirant en ouverture de nouvelles, on est surpris de la rapidité avec laquelle il bouscule le reste de l'action en cours. Il s'amuse du rythme. Carver écrit clairement dans un style à la fois beau, cruel, et simple. Pour quiconque s'intéresse à la culure nord américaine, Carver est un bel investissement pour en découvrir l'Homme et ses failles. Impossible qu'un tel livre nous tombe des mains, certaines nouvelles sont très courtes, mais droit au point. Il ne penche aucunement vers le romantisme. On y sent toujours une certaine forme de pauvreté caucasienne déguisée en réalisme sale. Carver est moins lyrique et subtil que précis et simple. Socialement soucieux à la Hemmingway dans l'esthétique et le voyeurisme d'un film d'Harmony Korine. Élegant quand même. Car parfois très poétique. Minimaliste prose. Détachement et méticulosité. Bonnes et mauvaises manières. On semble évacuer tour ce qui n'est pas important. Quand l'auteur est troublé, reconnait nos troubles, écrit sur nos troubles, on ne peut que s'en trouver quelques fois troublé.Cynisme et mélancolie sont parfois pairé, mais plus souvent relations humaines en teintes de gris sont exposées. Presqu'à la Soviétique, Carver raconte la froideur de la vie. La froideur de styles de vie. Parfois avec humour. Il prend les choses toutes simples de la vie et les transforme en forme d'art. Le format de la nouvelle nous empêche souvent d'avoir un développement de personnages exrêmement profond, mais justement, pourtant, on arrive souvent à avoir l'impression de très bien connaître les personnages en quelques pages seulement. Ce rassemblement de nouvells réunnit trois livres de Carver. What We Talk When We Talk About Love, Would You Be Quiet, Please ? et Cathedral.
Il y a un aspect régional à ses écrits. Intime aussi. Il pourrait rejoindre l'amateur de nouvelles gothiques autant que la lectrice de Belle Comme le Fleuve de Mélissa Perron.
Il semble toujours y avoir une menace autour de chacun des personnages présentés. Sombre parfois, mais souvent juste. Adaptant parfois dans le moderne américain, des contes mythiques connus comme l'histoire de Solomon dans la bible placée dans un garage des États-Unis.
Comme il s'agit de nouvelles, ça se lit merveilleusement bien en plusieurs moments courts et sur de longues périodes. Bref et intense. Utilisanr souvent 15 mots, là où tous les autres auteur(e)s en utiliseront 25.
Trés Nord-Américain.
Folk. Country. Rock.
Carver vivait très mal et a endolori son foie fatalement avec l'alcool tout en détruisant ses poumons avec le tabac. Il est mort très précocment à 50 ans.
Âge que j'ai eu cette année.