Mirrors

Par Rob Gordon
Entre un remake de La colline a des yeux et un remake de Piranhas, Alexandre Aja signe un remake d’un film asiatique nommé Mirrors. C’est bien la peine que nos Français, du tandem Palud-Moreau à Éric Valette, émigrent aux States si c’est pour développer des projets qui ne sont même pas originaux. Heureusement, Mirrors ne reprend que le principe du film originel (les miroirs sont pleins de mauvaises intentions) et son personnage principal (un ex-flic torturé devenu agent de surveillance des ruines calcinées d’un grand magasin), et réorchestre tout le reste sous la plume d’Aja et de son compère Grégory Levasseur. Objectif annoncé : faire flipper avec tout ce qui a un reflet, donner au spectateur sa dose de gore pour les mois qui viennent, et montrer de quel bois se chauffent les petits frenchies. Au final, Mirrors s’avère aussi décevant que La colline a des yeux était prometteur.
D’un point de vue bêtement comptable, le spectateur a de quoi se sentir spolié, puisque le film est extrêmement chiche en scènes gore. Au menu, une scène d’ouverture efficace mais classique, une scène fichtrement sanglante avec auto-décrochage de mâchoire à la clé, et puis plus rien ou presque. Cela devrait suffire à exclure les moins de 16 ans du rang des spectateurs potentiels, mais ne satisfera pas totalement les vrais fans d’hémoglobine qui tache, alléchés par cette scène bien dégueu puis frustrés par une baisse significative du niveau horrifique. Le scénario n’est pas plus convaincant, reprenant mollement l’éternel principe voulant que les mauvais esprits qui viennent embêter les vivants et tuer quelques pauvres innocents ne font tout cela que pour attirer l’attention sur une requête qu’ils ne peuvent formuler de vive voix. L’enquête faussement complexe qui s’y rattache truste la majeure partie du film alors qu’on était venu voir un simple film d’horreur.
Autre problème : l’interprétation. Paula Patton a beau être très jolie, elle ne confirme pas les espoirs placés en elle dans Idlewild et Déjà vu. Mais le pire du pire, c’est malheureusement la prestation de Kiefer Sutherland, qui ne parvient jamais à se détacher de l’image d’un certain Jack Bauer. Lorsque, dans le cadre de son enquête, il en est réduit à braquer n’importe qui en murmurant de sa voix suave « c’est une question de vie ou de mort » ou ce genre de fadaises, on ne peut s’empêcher de pouffer en repensant au nombre de fois où il a prononcé ces mots (et de la même façon, qui plus est) dans 24 heures chrono. On attend les apparitions de Tony Almeida ou Nina Myers, qui n’arriveront finalement pas.
Techniquement, rien à dire : Aja est à l’aise, exploite au maximum les effets de miroir et les différentes textures pouvant présenter des reflets. Mais il échoue à nous entraîner dans la descente aux enfers de son héros, que tout le monde croit fou lorsqu’il se met à recouvrir tous les miroirs qu’il rencontre. Quant à l’inévitable twist final, il n’est ni génial ni scandaleux, ne suscitant que l’indifférence générale. C’est sans doute pire que tout, et cela confirme le ratage complet de ce Mirrors assez embarrassant parce que plus ennuyeux que vraiment nul.
3/10