Sorte de filet plus ou moins compact et extensible obtenu en entrelaçant des fils tendus sur un cadre. Réalisés rang par rang, les croisements affectent les fils aux deux extrémités du cadre en formant un dessin inversé caractéristique. Une partie de l’ouvrage présente une torsion en S, l’autre moitié en Z.
La technique du sprang était déjà bien développée dans les pays nordiques à l’âge du bronze. On a en effet découvert dans les tombes de Eshoj et de Skrydstrup, au Danemark, deux coiffes ou résilles à cheveux datant de 1 500 environ avant notre ère.
Ces pièces, de même que d’autres trouvailles intéressantes faites en Suède et en Norvège, sont toutes en laine. L’ancrage millénaire de cette tradition dans le nord de l’Europe explique l’origine scandinave de son appellation.
De très anciennes traces de sprang ont également été retrouvées au Pérou. Outre un fichu daté de 1 100 avant notre ère, la plupart des autres pièces ont été confectionnées entre 300 avant et 500 après JC, au moyen d’une technique double particulièrement raffinée mettant en oeuvre quatre série de fils. On a par ailleurs mis au jour en Egypte, à la fin du XIXème siècle, des sacs et bonnets coptes datant du premier siècle de notre ère, réalisés en lin naturel et en laine colorée.
Les premières reproductions d’ouvrages en sprang se trouvent sur des vases grecs datant de 500 ans avant notre ère. On y voit des femmes oeuvrant sur des cadres de sprang, que l’on a longtemps confondus avec des métiers à broder. Les artistes de la Grèce ancienne semblent d’ailleurs avoir été for inspirés par les ceintures, coiffes ou bandes réalisées selon cette technique. Les vases mettent souvent en scène des hétaïres (des courtisanes de rang élevé) travaillant à leur cadre tout en devisant avec de jeunes éphèbes.
A partir du XVIème siècle, le sprang figure en Europe du Nord au rang des travaux exécutés par les femmes accomplies et les religieuses, au même titre que la dentelle et le macramé. On confectionne ainsi des linges décoratifs, des gants de soie, des bonnets, des bas et des cols. Les Musées royaux d’art et d’histoire de Bruxelles possèdent une très riche collection d’objets confectionnés à Bruges au début du XIXème siècle.
Cette technique connue dans le monde entier, sauf en Australie, était mise en oeuvre il y a quelques décennies encore dans certaines régions retirées d’Europe. Les vestiges découverts en Scandinavie, en Egypte et au Pérou ont provoqué un regain d’intérêt parmi les spécialistes textiles européens. Cette émulation a donné naissance à de nombreuses publications, parmi lesquelles l’ouvrage du docteur Peter Collingwood, intitulé « Technique of Sprang » et paru en 1974, qui constitue à l’heure actuelle le livre de référence en ce domaine.
Source : « Autour du Fil, l’encyclopédie des arts textiles », Editions Fogdtal, Paris, 1988, volume 17, page 68