Pourquoi il y a encore de l'espoir pour le tennis argentin féminin

Lorsqu'elle remporte son premier titre du Grand Chelem à l'US Open en 1990 contre Steffi Graf, Gabriela Sabatini (photo ci-dessus) entre dans l'histoire en devenant la première joueuse née en Argentine à inscrire son nom au palmarès d'un tournoi majeur et, par la même occasion, la première sud-américaine à capturer un Grand Chelem depuis la brésilienne Maria Bueno en 1966. Ce fut aussi pour la native de Buenos Aires le seul titre majeur qu'elle enregistra dans sa carrière, elle qui était souvent abonnée aux demi-finales et aux défaites contre Steffi, face à laquelle elle échoua tant de fois (quand ce n'était pas Navratilova). Que s'est-il passé pour le tennis argentin féminin depuis ce jour de gloire du 27 août 1990 ? En résumé, pas grand chose. Certes, il y eut de beaux jours avec Paola Suarez, demi-finaliste à Roland Garros en 2004, quart de finaliste à Wimbledon la même année, mais surtout, victorieuse de huit titres du Grand Chelem en double avec son inséparable partenaire Virginia Ruano Pascual entre 2001 et 2005. Enfin, on vit passer en 2020 dans le ciel parisien une comète du nom de Nadia Podoroska qui créa la surprise à Roland Garros en atteignant le dernier carré alors qu'elle sortait des qualifications. Depuis, la jeune femme de vingt-cinq ans, née à Rosario, a quasiment disparu des radars, redescendue aux alentours de la deux-centième place mondiale après avoir été trente-sixième à son meilleur niveau. On pourrait alors se dire que le tennis argentin féminin est tombé dans un puits sans fond dont il n'est pas prêt de sortir. Cependant, certains éléments peuvent laisser envisager une possible sortie vers des cieux plus sereins. Cette éventualité d'un rebond prend même tout son sens à partir de deux événements distincts : la récente émergence de jeunes joueuses au potentiel très intéressant et, qu'on le veuille ou non, la récente victoire de l'équipe d'Argentine en Coupe du Monde de football qui a redonné espoir à tout un peuple et gonflé à bloc le moral des sportifs professionnels de ce pays. Mais, laissons le football à part puisque là n'est pas le véritable sujet, et intéressons-nous plutôt à ces jeunes pousses qui pourraient bien remettre le tennis argentin sur les rails. Elles sont au nombre de cinq, les voici :
LUCIANA MOYANO :

À dix-sept ans, Luciana Moyano poursuit sa progression, se retrouvant ainsi en cette fin de saison proche du niveau qu'elle avait atteint fin octobre en s'emparant de la douzième place mondiale au classement Junior. Même si la déception fut grande lors des trois derniers gros tournois de clôture, à Merida, Bradenton et à l'Orange Bowl, où elle fut à chaque fois éliminée de façon précoce, elle est tout de même parvenue à étoffer son palmarès en gagnant trois tournois Juniors cette année (dont un J1 à Lambare), mais aussi, et surtout, un tournoi ITF W15 à Eldorado, son plus beau titre à ce jour. Si tout se passe bien, 2023 pourrait être une année très prometteuse pour cette joueuse à l'aise sur terre battue bien que le dur soit sa surface préférée.
SOLANA SIERRA :

L'heure de franchir le cap est arrivée pour la joueuse de dix-huit ans. Il est temps pour elle de quitter la classe Junior afin d'embrasser une carrière chez les dames qui a plutôt bien commencé, ma foi, puisqu'elle a obtenu trois titres ITF cette année en W15, dont deux à Cancun. Des débuts intéressants donc, pour celle qui fut au printemps dernier finaliste à Roland Garros Junior contre la tchèque Lucie Havlickova et qui, à son meilleur niveau, fracassa les portes du top 10 Junior pour s'installer à la septième place en juillet de cette année. On va sans doute reparler d'elle.
LOURDES AYALA :

Lourdes Ayala n'avait que trois ans lorsqu'elle a commencé à tenir une raquette en main. Aujourd'hui, elle peut se vanter, à seize ans, d'avoir accroché à son palmarès quatre tournois Juniors auxquels on n'oubliera pas d'ajouter une finale sur le circuit ITF dames (sa première) au W15 de Buenos Aires le 4 décembre dernier, ainsi que sa sélection en équipe d'Argentine pour la phase finale de la Billie Jean King Cup Junior où elle rivalisa avec la tchèque Tereza Valentova. Un très bon début qui incite à l'enthousiasme pour la suite même si elle a encore beaucoup à apprendre.
SOL AILIN LARRAYA GUIDI :

À seulement quatorze ans, Sol Ailin Larraya Guidi a encore tout l'avenir devant elle. Pourtant, quelques éléments nous permettent de détecter chez elle un talent précoce qui va sans doute lui permettre d'élever ses ambitions si elle gère bien les événements. Ici, ce ne sont pas tant les deux titres Juniors qu'elle a remportés cette année sur terre battue qui impressionnent, mais bel et bien les performances remarquables qu'elle a déjà accomplies chez les dames alors qu'elle n'est encore qu'une adolescente. Elle a en effet atteint deux fois les quarts de finales dans des tournois W15 (à Mar del Plata et Buenos Aires) à chaque fois en passant par les qualifications. Une graine de championne est peut-être en train d'éclore sous nos yeux.
LUCIA PEYRE :

Il y a un talent fou chez cette joueuse de dix-sept ans qui a fait le choix cette année de se confronter à la catégorie supérieure en jouant des tournois W15 et W25 en Europe, en Amérique du Sud et même en Afrique du Nord. Un choix qui s'est avéré payant puisqu'en octobre dernier, elle remportait sa plus belle victoire au tournoi W15 de Baza, en Espagne, sur dur. Un titre qui s'ajoute aux quatre tournois qu'elle a gagné sur le circuit Junior entre 2019 et 2021. On la reverra sans nul doute bientôt.