" Partout, il y avait trop de bruit, trop de discours. Un jour, j'en ai eu marre de cette frénésie et je suis parti. Certains vont chercher le bonheur en Alaska ou en Sibérie, moi je suis un aventurier de la France cantonale : je lorgne du côté d'Aubusson, du puy Mary et du plateau de Millevaches... "
Un jeune aspirant jésuite décide de prendre le chemin des estives à travers le Massif Central pour"retrouver ce qu'il y a d'immense et de divin en chacun de nous et m'immerger dans ces paysages."
En effet, il choisit cette région pour ses paysages désertiques, pour se couper du vacarme ambiant et s'alléger : "Il y a une vocation mystique du Massif Central, dis-je à Parsac. Ces terres attisent le feu intérieur. Elles ouvrent des avenues profondes vers ce qu'il y a d'immense en nous."
Sans le moindre sou en poche il "prend la tangente comme on prend le maquis" accompagné d'un compagnon Benoît, un novice qu'il n'a pas choisi, plaçant son chemin dans les pas de deux figures tutélaires, Arthur Rimbaud et Charles de Foucauld "des êtres qui quittent leur pays et partent pérégriner dans des terres inconnues, attirés par l'exploration de l'autre." A travers ses rencontres, il cherche un sens à ses choix car, comme le dit Cioran, "N'a de convictions que celui qui n'a rien approfondi."
Il frappe aux portes qui veulent bien l'accueillir pour la nuit et évoque les conversations qui s'étirent, comme des "concentrés de vie", l'essentiel qui se dit en fin de soirée, car "Tout être cherche à dire ce qu'il souffre." Il constate la vie sans goût de beaucoup de ces personnes croisées, qui souffrent de solitude, de dépression dans un monde matériel absurde.
"Dans son Journal, Thoreau délivre ce conseil : "N'allez pas à l'objet, laissez-le venir à vous." Il a raison. Lorsqu'on se vide de toute convoitise, de toute avidité de saisie, qu'on laisse les choses être, les yeux flâner, et qu'on n'oppose plus au paysage notre poussée personnelle, alors ces choses viennent à nous et exhalent leur secret, leur intériorité."
Au fil de ses rencontres, il apprend à être réceptif aux choses qui l'entourent, à accepter les choses qui arrivent sans qu'on les attende.
"Allons droit devant, tendus vers l'invisible. En continuant d'espérer, malgré le désespoir et les peines, que nous sommes faits pour la fête et la joie sans ombre, et que la terre promise est devant nous."
Un magnifique témoignage...