Here Comes The Flood @ Le Barbe, Plouha, le 16 décembre 2022
michel
Here comes the flood et plus aucune place sur l'arche de Noé, du coup, tu t'es rendu au Barbe en espérant y trouver une bouée pour éviter la noyade.
Pas de bol, tu y as vu des Rennais, pas niais, mais pas marins non plus, Here Comes The Flood s'ébat dans des eaux, pas diluviennes, mais aux relents grunge, stoner, post grunge, doom, noise, prononcés.
Oui, nous savons, Peter Gabriel sur son debut studio album chantait ...Lord, here comes the flood, we'll say goodbye to flesh and blood... mais il n'est pas certain que l'ex-Genesis soit une source d'inspiration pour le quatuor d'Ille-et-Vilaine.
Berne Evol ( chant énervé et guitare), aussi actif chez Dead, du coldgaze, Clément Dumoulin, alias Clém Dumoul ( sans frites) , ( lead guitare et backings) , Laura Bruneau ( basse) et Thibault Leroux ( drums), préparent un premier full album qui doit succéder à l'EP, cinq-titres ' Here comes the flood' ( tu le sais, en Bretagne, il pleut, parfois), sorti au printemps.
Pas encore trop de monde pendant le soundcheck, avec Madame, passée par hasard, et ses copains , tu sirotes une petite mousse, tranquille, quand un siphonné, qui était accoudé un comptoir, se dirige vers notre table puis te lance,.... t'as de beaux yeux, tu sais!
Soit il t'a confondu avec Michèle Morgan, soit il fait partie du fanclub local des Village People, ton épouse s'est marré, toi, un peu moins!
Parenthèse fermée, revenons à la montée des eaux, il est près de 20:45', ça va saigner, Mathilde!
Ils ont vu Madame and co quitter l'établissement et décident de commencer leur prestation par ' Going out', un titre aussi pesant qu'agressif, nous rappelant au bon souvenir des groupes de Seattle de la fin des eighties: Mudhoney, Skin Yard ou les copains du pauvre Kurt.
Le chant est rêche, la basse lourde, la batterie musclée et les riffs, balancés par Clém, lacèrent les chairs.
Berne, aucun lien de parenté avec l'animateur dont certains vantent la préciosité aristocratique, ni avec la ville ayant vu naître Fabian Cancellara, ramasse une guitare pour la seconde salve, 'Red Seat', tout aussi virulente que la première.
Le siège rouge va-t-il survivre aux coups de cravaches expédiés par les mousquetaires bretons et Milady de Winter?
Il y a le feu, qu'ils hurlent, un comble pour des gens qui ont choisi Here Comes the Flood comme nom de scène!
Pas d'accalmie en vue avec la suivante, le papier aux pieds de la blonde Laura, signale 'HWY' , trois lettres signifiant probablement ' Highway'.
Cette autoroute n'a pas été revisitée par Bob Dylan et si elle mène au paradis, celui-ci doit être artificiel.
'Hammer' démarre paresseusement, cette lenteur est étudiée, de fortes effluves doom s'échappent du chant et de l'instrumentation, encore une fois le titre te renvoie vers Peter Gabriel, mais leur marteau n'est pas un sledgehammer, tu aurais pu le trouver dans la trousse d'outils de Ufomammut, Lucifer, Kyuss, et d'autres combos nourris au Black Sabbath .
Les effets de vibrato tendus, forgés par Clément, chatouillent nos entrailles tandis que notre crâne oscille lentement au rythme des coups de marteau.
Le bouledogue, dont on ignore la nationalité, qui venait renifler nos bas de jeans depuis notre entrée dans l'établissement, n'est manifestement pas mélomane, le doom, il n'aime pas et le fait entendre en aboyant.
Quand His Master's Voice se met à l'exciter et lui indique comment monter sur scène, Yann, ze boss, voit rouge et conduit l'excité et son pet fulminant vers la sortie.
Ouf, on a échappé au pire, n'empêche que Brigitte a l'intention de passer un coup de fil à la SPA.
Le groupe poursuit sa thèse en proposant l'infecté ' Decoy', suivi par l'industriel ' Factory', les riffs sont toujours aussi cinglants, la frappe de Thibauht , qui n'est pas roux, est méthodique et mieux cadrée que certains tirs mal calibrés de Mbappé, Laura demeure concentrée, Berne n'a pas encore prévu d'hiberner, son chant caverneux entame une prière plus stoner que mystique.
Après avoir arrosé l'orchidée ( ' Orchid') et placé quelques changements de tempo surprenants, il faut insérer un blanc car Berne vient de constater que son verre est vide, le comptoir est à deux pas, on lui refile une blonde, pas farouche, et le show reprend.
On te donne les titres avec les réserves d'usage, pas mal de morceaux n'ont pas encore été enregistrés.
Ainsi 'The Pond', assez marécageux, a fait dire à un pas débile, on dirait du Alice in Chains, c'est sûr que c'était pas Alice au pays des merveilles.
On a aimé le fameux déboulé à la gratte.
Si le Jefferson Airplane chantait les lapins blancs, Here Comes The Flood célèbre les ' White Mice', un titre concis et mordant, scandé à deux voix.
Il nous en reste une, an oldie, 'On the run' , envoyée au galop.
Un gars cite Sonic Youth, on hésite, c'est sûr que les Pet Shop Boys ou Erasure sont loin, par contre le noise pop des Pixies, pourquoi pas!
Voilà, on va boire un coup.
Désolé le stock est épuisé.
Au final, on a vécu un concert intense, compact, d'un groupe qui exècre les concessions.