Le début de la saison sèche marque le retour cette année de la chasse sportive, en même temps qu’il expose le parc national à de nouvelles menaces.
Le 1er décembre dernier, l’opération Peace à Bouba Ndjida pour l’année 2022 a été lancée. 529 militaires d’élite du Bir ont été engagés pour assurer la sécurité cette aire protégée. Ils ont avec eux un hélicoptère d’attaque Mi 24, un avion d’observation aérienne Cessna, une quarantaine de pick-up tout terrain, dont dix flambant neuf. C’est clair que cette année, est particulière pour le Bir. « La situation sécuritaire à l’intérieur du parc national et de la région du Nod est acceptable, par contre celle chez nos voisins, crée des inquiétudes », nous confie une source proche de Peace à Bouba Ndjida.
Elle expose que au sud du Tchad, mitoyen au parc national, des groupes rebelles, mécontents du déroulement du grand dialogue national au Tchad, qui contestent la légitimité du pouvoir de Ndjamena et qui sont prêts à tout pour l’éliminer , font régulièrement le coup de feu avec les forces armées tchadiennes. Un peu plus bas, en Rca, il y a aussi des confrontations régulières entre les rebelles regroupés au sein de la coalition 3R ( Retour, réclamation et réhabilitation) et les forces armées centrafricaines aidées de leurs proxys russes des mercenaires du groupe Wagner. Cela ajouté au prix record (800 euros) du kilogramme d’ivoire, attise la convoitise de tout ce monde auquel s’ajoutent les Djandjawid et les braconniers ordinaires.
Bouba Ndjida, c’est aussi une biodiversite unique. L’ élan de Derby, cette grande gazelle pouvant atteindre la taille d’un bœuf, endémique à ce parc national, est en voie de disparition. Cette année, la paix relative dans le parc et la pandémie du covid parce qu’il n’y a pas eu beaucoup de chasse ces deux dernières années font que la population d’animaux à Bouba Ndjida est importante.
De très nombreux chasseurs ont annoncé leur venue pour la chasse sportive. Déjà on dénombre une cinquantaine de chasseurs venus de pays occidentaux pour satisfaire à ce coûteux loisir. À eux, il faut ajouter des centaines de touristes qui vont venir voir éléphants, lions, lycaons et autres espèces rares qu’on retrouve dans le parc.
Pour éviter la survenue d’éventuels incidents, Peace à Bouba Ndjida a déployé son personnel à Sinassi, Mayo Ndjarendji, Madingring et à Dibao. Pour le moment, un troupeau d’éléphants est localisé dans la zone de Tatou et des éléphants isolés ont été vus dans la zone de Dabouo, au sud-est du parc. Les militaires disent aussi être vigilants à éviter les conflits réguliers qui surviennent avec les populations riveraines du parc lorsque des éléphants dévastent des champs. Les gardes forestiers accusent ces populations d’empiéter sur l’aire protégée mais, cela n’empêche pas ces dernières de tenter des représailles sur les pachydermes en abattant parfois certains sujets. Peace à Bouba Ndjida « assure donc l’autorité de l’Etat, la protection de la biodiversite, la protection des espèces rares protégées et par extension également la sécurité des personnes et des biens dans tout le département du Mayo Rey. Depuis le 1er décembre, pas un coq n’a été volé dans l’espace de l’opération. Notre souhait c’est qu’il en soit ainsi tout au long de l’opération « , confie notre source.
Lire aussiCameroun - Médias : Des noces d’argent pour MutationsLe Bir annonce aussi l’arrivée d’un renfort de 150 hommes dès janvier prochain. Des stagiaires vont ainsi renforcer le dispositif. L’opération va aussi contribuer à renforcer la sécurité à la protection de la frontière, des aires protégées et surtout des personnes et des biens dans ce département. « Le Bir compte sur la collaboration des populations riveraines. Elles sont à la fois nos guides et les guides des braconniers. L’autre problème c’est que ces populations qui vivent parfois dans le parc ont une culture du braconnage. Elles ont l’habitude de tendre des pièges et de faire la chasse. Il n’est pas facile de leur demander d’arrêter totalement ces activités qu’elles pratiquent parfois dès la naissance. Aussi nous ne leur interdisons pas de faire un peu de chasse pour se nourrir. Mais, quand elles cherchent à éteindre une race, ce serait porter un coup fatal à notre biodiversite nous ne pouvons pas tolérer « , déclare notre source.
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