Le graffiti, le jeune et l’intervention
Les billets des derniers jours m’amène à vous entretenir sur notre façon d’intervenir auprès des graffiteurs au Café-Graffiti. Des organismes et des municipalités nous consultent régulièrement. Ils arrivent avec un problème qu’ils veulent régler rapidement. Des jeunes font des tags. Comment fait-on pour qu’ils fassent autres choses?
Le Café-Graffiti n’est pas un lieu où les jeunes ont des problèmes ou encore sont atteints d’une maladie incurable que l’on nomme les tags ou le graffiti. Ce sont des jeunes que nous accompagnons dans leur cheminement. Nous répondons à leur besoin et les aidons à prendre une place positive dans notre société.
Si le jeune fait du tag, quel est le besoin de celui-ci derrière son acte de vandalisme? Besoin d’être vu. Besoin d’appartenance. Besoin d’être un artiste. Besoin de s’exprimer. Besoin d’exprimer une émotion. Besoin de laisser un message… Pour plusieurs taggeurs, à différents moments, la réponse pourrait être différente.
Si je me limite à moraliser le jeune et lui dire que de faire des tags ce n’est pas correct, je ne suis pas à l’écoute du jeune. Dans cette façon de communiquer que voulait bien me dire le jeune? Un exemple concret. J’ai eu un jeune qui avait déjà fait des tags. Il n’en faisait plus depuis un bon bout de temps. Un matin j’arrive au Café-Graffiti et je remarque que sa signature traîne sur plusieurs murs (tags). Je retrace le jeune. Sans lui parler de ce que j’ai vu, je vérifie se qu’il se passe dans sa vie. Il me dit que sa blonde l’a quitté avec un de ses amis. Furieux, il voulait les tuer. Repentant, il me dit qu’il a passé la nuit à détruire des murs pour faire passer sa colère.
Dans cet exemple, faire des tags et moins violents que de tuer son ex et son nouvel ami. Les tags étaient sa façon de faire passer une émotion qui le brûlait. Mon rôle d’éducateur est de l’aider à pouvoir vivre des émotions négatives sans tout casser. Le problème du jeune n’est pas le tag qu’il a fait, mais son incapacité à gérer des émotions trop intenses. Cela m’amène à faire une intervention qui en arrivera à diminuer le nombre de tags fait, mais pas en réprimant le tag, mais en augmentant la capacité du jeune à vivre ses émotions.
Réprimer le jeune qui fait un tag me donne le rôle du gens d’arme. Apprendre à un jeune de vivre des émotions négatives me donne le rôle d’un ami, d’un conseiller, d’un proche… À nous de choisir le rôle qu’on se donne.
Dossier graffiti et commentaires du rédacteur sur le graffiti.
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