Le cri de la mouette est un roman autobiographique de Emmanuelle LABORIT, sourde de naissance. Dans cette autobiographie elle raconte son parcours de vie, de sa petite enfance à l'âge adulte. Le diagnostic tombe à l'âge de 9 mois, s'ensuit la souffrance de ne pouvoir communiquer, l'intégration compliquée à l'école. Puis à 7 ans, la délivrance avec la découverte et l'apprentissage du langage des signes, et après une période d'adolescence rebelle, la découverte de sa passion pour le théâtre qui l'amènera à obtenir un Molière pour la révélation théâtrale en 1993.
Il faut savoir que le retard de la France par rapport aux EU sur la langue des signes est phénoménal : la langue des signes est interdite en France jusqu'en 1976, considérée comme une gestuelle indécente, provocante, sensuelle, qui fait appel au corps, alors qu'elle est autorisée aux EU et qu'elle permet aujourd'hui aux sourds de communiquer facilement. Cela entraine l'ostracisation des sourds, enfermés dans leur monde avec cette impression d'être derrière une énorme porte qu'on ne peut pas ouvrir pour se faire comprendre des autres, une situation injuste qui n'est pas sans provoquer des ravages.
La narratrice provoque de l'admiration chez le lecteur : malgré sa souffrance, son isolement, son handicap, elle est déterminée à apprendre, à évoluer, à progresser, elle ne baisse jamais les bras malgré les nombreuses difficultés. Elle ne se décourage pas au point d'obtenir le Molière de la révélation théâtrale en 1993. Son parcours est très beau.
A noter qu'il s'agit d'un témoignage, le style est assez simple et expéditif.
Un éclairage intéressant sur le monde des sourds.