Cinq performances époustouflantes accomplies cette année dans le tennis féminin

On ne va pas se le cacher, l'année fut belle sur le circuit féminin. Que ce soit en WTA, ITF ou chez les Juniors, nous avons eu droit à des morceaux de choix, du grand ouvrage et des actions d'éclat qui ne sont pas passées inaperçues. Il est possible que certaines choses vous aient peut-être échappées. Ce n'est pas grave car, voici une petite séance de rattrapage sous la forme d'une sélection de cinq performances à couper le souffle enregistrées cette année par des joueuses de différents niveaux. Le choix est avant tout personnel, chacun étant bien entendu libre de se faire sa propre idée.
1. Le doublé Indian Wells/Miami de la numéro une mondiale Iga Swiatek :
On a beaucoup parlé, à juste titre, des deux trophées du Grand Chelem remportés cette année par la polonaise. On a aussi beaucoup parlé, encore à juste titre, de sa remarquable série d'invincibilité de trente-sept victoires consécutives. Pour ma part, j'ai envie de retenir son fabuleux tir groupé au mois de mars, lorsqu'elle remporte successivement les tournois d'Indian Wells et de Miami, deux des WTA 1000 les plus prisés de la saison. Bien loin d'une simple question de prestige, c'est avant tout une performance rare qui mérite d'être soulignée de par l'extrême difficulté qu'elle comporte, les deux tournois étant chacun étirés sur dix jours, dans des conditions climatiques souvent compliquées. Dites vous bien que sur les vingt dernières années, elles ne sont que deux, avant Swiatek, à avoir accompli cet exploit : Victoria Azarenka en 2016 et Kim Clijsters en 2005, et qu'il faut ensuite remonter au milieu des années 90 pour que pareil exercice soit réalisé (Steffi Graf le fit à deux reprises en 1994 et 1996). Même les sœurs Williams n'y sont pas parvenues malgré leurs années de domination. Coup de chapeau, donc, à la patronne.
2. La victoire de Caroline Garcia (photo ci-dessus) aux Masters féminin :
Il suffit de regarder la saison de la française pour mesurer la portée de son exploit à Fort Worth. Une première moitié de saison comme dans un cauchemar, avec des défaites précoces, des désillusions, des sorties sans gloire. Puis, le début de la reconstruction aux premiers jours de l'été, reconstruction sur laquelle va déboucher une soif de victoires grâce à un moral et une confiance retrouvés. Son succès à Varsovie, sur les terres de la patronne du tennis féminin, et son épopée nord-américaine, qui s'est conclut par les demi-finales de l'US Open, ont réactivé une machine qui était à l'arrêt. Ce fut alors le réveil d'une championne endormie qui a par la suite empoché le championnat de la WTA avec une maestria qu'on n'avait plus vu depuis fort longtemps chez elle. Bref, un parcours hors du commun qui rend cette victoire au Texas encore plus majestueuse.
3. Les 27 victoires consécutives de Brenda Fruhvirtova sur le circuit ITF :
Les mots viennent à manquer pour qualifier certains exploits, surtout quand ces derniers sont accomplis par une joueuse de quinze ans qui devient par la même occasion la plus jeune athlète de sa discipline à les réaliser. Pourquoi tant de louanges sur Brenda Fruhvirtova ? Tout simplement parce que ce qu'elle a fait cette année s'apparente à un chef-d'œuvre qui n'est sans doute pas prêt d'être égalé. Entre juin et septembre, la tchèque a enregistré un total de vingt-sept victoires consécutives sur le circuit ITF en écrasant toute forme de concurrence. Durant cette série d'invincibilité, elle a gagné cinq tournois W25 en ne concédant que deux petits sets en tout et pour tout, autrement dit des miettes laissées à ses adversaires. Cinq victoires auxquelles on n'oubliera pas d'ajouter les trois autres tournois qu'elle a glanés durant la saison. Rarement une aussi jeune femme n'aura exercé une telle domination sur un circuit réputé pour son intransigeance et sa difficulté.
4. Mirra Andreeva en mode Terminator au tournoi de Meitar :
La jeune russe de quinze ans n'aura pas mis longtemps à s'adapter aux rigueurs du circuit ITF féminin. Dès la fin de l'hiver et sa finale perdue au W15 de Sharm ElSheikh, l'on sentait déjà un potentiel qui ne demandait qu'à s'exprimer. La fusée à plusieurs étages a ensuite trouvé la bonne carburation, avec des succès à Antalya (W15) et Segovia (W25) qui présageaient du chef-d'œuvre à venir. Sa campagne finit par s'accomplir entre le 14 et 20 novembre dernier au tournoi W60 de Meitar, durant une semaine d'annihilation totale qui la vit gagner le plus gros événement de sa jeune carrière sans perdre le moindre set et avec des 6/0 à la clef pour parfaire le tableau. Les observateurs présents sur place avouèrent avoir rarement vu une telle chose de la part d'une adolescente. On ne peut qu'être d'accord.
5. Le doublé Bradenton/Orange Bowl de Mayu Crossley : 
La petite japonaise de seize ans avait fini l'année 2021 au-delà de la 400ème place mondiale au classement Junior. La voilà qui termine 2022 dans le top 20. Il y a une raison principale à cette folle progression : son exploit sidérant accompli entre le 28 novembre et le 11 décembre quand elle s'est imposée avec la manière dans deux des plus prestigieux tournois Juniors du monde, Bradenton et Orange Bowl. Première joueuse à sortir cette performance depuis l'américaine Whitney Osuigwe en 2017, elle avait pourtant commencé la saison en se brisant plusieurs fois les ailes en finale, sans pouvoir concrétiser (quatre finales perdues pour une gagnée avant que le sort ne s'inverse). Voilà pourquoi son succès à Bradenton constitua une monumentale surprise avant qu'elle ne confirme son emprise à l'Orange Bowl, au nez et la barbe des américaines qui étaient pourtant en position de force.
Crédit photo : MAXPPP/Sarah Yenesel.