Cernnunos était l'une des divinités du panthéon gaulois, le dieu-cerf cornu. Si son existence est attestée par des représentations figurées (sur le pilier des Nautes de Paris, notamment, mais aussi sur le chaudron de Gundestrup) ainsi que par quelques inscriptions, il reste très mal connu : nous ne savons presque rien de ses fonctions ni de sa mythologie.
C'est pourquoi une découverte récente, au baptistère de Brioude (Haute-Loire, pays Arverne), revêt une importance particulière : dans ce très ancien sanctuaire chrétien, pourrait avoir été remployée une statue de Cercunnos. C'est probablement une nouvelle pièce apportée au puzzle de l'histoire du dieu. Explications par Fabrice Gauthier, dans la Revue archéologique du Centre de la France.
Les fouilles préventives entreprises depuis 2002 autour de la basilique Saint-Julien à Brioude ont permis la mise au jour de plusieurs bâtiments inédits du sanctuaire majeur de l’Auvergne mérovingienne dont le baptistère paléochrétien (Fig. 1). Ce dernier a fait l’objet de deux campagnes de fouilles programmées en 2005 et 2006. C’est lors du dégagement du parement d’un mur de la fin de l’époque mérovingienne, réutilisant le mur ouest de la salle baptismale, que fut découvert un fragment de sculpture antique. Réutilisé en moellon et recouvert partiellement de mortier, il n’était pas destiné à être visible.
Sculpté dans une arkose de provenance locale, il prend grossièrement la forme d’un “ L ”, présentant ce qu’il reste d’un personnage assis et d’un socle approximativement parallélépipédique qui correspond à une chaise flanquée par deux animaux, un cerf et un taureau (Fig. 2). La partie inférieure est sculptée sur les quatre faces. La face antérieure est occupée par le siège et les têtes animales présentées frontalement, tandis que la face à droite de l’observateur fait place au corps du cerf (Fig. 3). Sur la face gauche se développe le corps du taureau. À l’arrière, on observe l’arrière-train de l’animal et une face de joint de 10,6 cm de large (Fig. 4). Les parties inférieures et supérieures de la sculpture, qui correspondaient à la tête, au buste, aux membres supérieurs et à une partie des membres inférieurs du personnage, sont mutilées et donc absentes.
La suite.
A. P.