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Les vrais responsables de la crise énergétique, de Rémy Prud'homme

Publié le 12 décembre 2022 par Francisrichard @francisrichard
Les vrais responsables de la crise énergétique, de Rémy Prud'homme

On a tué l'énergie bon marché. Si les conséquences de ce crime sont graves, comme beaucoup le pensent, il est nécessaire d'en identifier les auteurs.

Mais, avant de les identifier, il faut se pencher sur la victime. Et c'est là que les choses se compliquent, parce que l'énergie est plurielle et que ses prix le sont tout autant.

LA VICTIME

Rémy Prud'homme considère donc, pour simplifier, quatre produits énergétiques: d'une part le pétrole et le gaz, combustibles fossiles, d'autre part le gazole et l'électricité, produits finis. Comme c'est le cas de la France qui l'intéresse, il n'a pas pris en compte le charbon, dont le poids y est négligeable.

Il remarque que le pétrole et le gaz, qui représentent à eux deux 64% des sources d'énergie (38% et 26% respectivement), sont importés et carbonés; que l'électricité est surtout d'origine nucléaire (26%), l'hydroélectricité (5%) et les intermittents renouvelables (4%) étant faibles.

Les consommateurs en France se répartissent entre le résidentiel-tertiaire (38%), les transports (35%) et l'industrie (28%). Ils consomment en premier lieu de l'électricité (38%), qui peut également être produite à partir des combustibles fossiles.

Comment se déterminent les prix des produits énergétiques? Sur des marchés, comme tous les produits, sauf que ces marchés sont altérés par de multiples interventions, au niveau national comme international, sous forme de taxes, subventions, ententes, embargos, interdictions, obligations, investissements.

Ces interventions sont faites pour de bonnes (et de mauvaises) raisons: minimiser les coûts, assurer les approvisionnements, réduire les pollutions, réduire les émissions de CO2, promouvoir l'indépendance énergétique, favoriser l'industrie nationale...

LES PRÉSUMÉS COUPABLES

La réalité a mis à mal les théories qui avaient la vie dure et qui expliquaient la hausse des prix des combustibles fossiles par leur rareté et leurs coûts de production croissants: le progrès technique les a toutes invalidées.

La guerre en Ukraine a bon dos. L'agression de la Russie et les sanctions prises contre elle auraient, au contraire, dû faire baisser les prix de l'énergie avec la baisse du PIB mondial. C'était évidemment sans compter avec l'incroyable dépendance de l'Allemagne au gaz russe et avec le prix unique de l'énergie sur le marché européen.

À la décharge de la guerre en Ukraine, la hausse des prix lui est antérieure; les livraisons de gaz russe ont continué malgré les sanctions; le prix du gaz américain a augmenté alors que les États-Unis sont aujourd'hui énergétiquement indépendants...

La Covid-19 est le bouc émissaire rêvé de tous les maux. Seulement, en matière d'énergie, la demande a baissé avec l'activité et en conséquence les prix auraient dû baisser. Quant à l'offre, elle a certes également diminué, mais ce n'est pas tant du fait que les opérations de maintenance y ont été perturbées, comme dans d'autres secteurs d'activité, que du fait que deux réacteurs de Fessenheim ont été arrêtés pendant la pandémie.

Quant à l'Opep, force est de constater qu'il est difficile de coordonner ses pays membres parce qu'ils poursuivent des objectifs économiques différents et des objectifs politiques divergents, et qu'ils défendent avant tout leurs intérêts propres. De plus tous les acteurs du commerce international du pétrole n'en font pas partie. L'histoire montre que son rôle est subsidiaire et qu'il est bien difficile de démêler dans la hausse des prix ce qui relève de la conjoncture et de ses décisions.

LES VRAIS RESPONSABLES

Ce qui a été dit plus haut des altérations des marchés de l'énergie consécutives aux interventions de toutes sortes permet de désigner Les vrais responsables de la crise énergétique.

Les taxes sur l'énergie font partie de ces vrais responsables. Pour les gouvernements, ce sont des taxes faciles à mettre en place, d'autant qu'elles sont inélastiques au prix (elles ne modifient guère la consommation), qu'elles sont censées lutter contre les émissions de CO2, qu'elles rapportent gros, qu'elles ont de nombreux bénéficiaires selon les produits. Rémy Prud'homme remarque à propos du gazole, qu'il est imposé plus lourdement que l'alcool, le caviar ou les yachts.

Parmi les énergies renouvelables, l'hydraulique est au-dessus de tout soupçon. Ce n'est pas le cas des intermittents tels que l'éolien ou le photovoltaïque, qui, comme leur nom l'indique, fonctionnent par intermittence, aléatoirement. Sans aides et subventions publiques elles ne se seraient certainement pas développées, même si leur coût a baissé avec le progrès technique.

Pourquoi les intermittents sont-ils de vrais responsables de la crise énergétique ? Parce qu'ils génèrent des coûts indirects élevés, tels que les coûts de transport, du système électrique lui-même et, surtout, de la gestion d'autres sources, telles que le gaz (dont la consommation a augmenté en conséquence), pour pallier leurs variations.

Les interdictions écologistes sont les plus grands responsables de la crise énergétique. Car les écologistes, par idéologie, n'aimaient pas l'énergie, quelle qu'elle soit, bien avant même d'employer l'argument massif des émissions de CO2, qui n'en est pas un pour ce qui concerne le nucléaire et qui est invoqué principalement dans le monde occidental.

Ainsi les écologistes sont-ils parvenus dans la plupart des pays du monde occidental, à interdire le gaz de schiste, l'énergie nucléaire, les investissements dans les combustibles fossiles. Ce qui a eu aussi pour conséquence les hausses des prix de l'énergie, y compris dans le reste du monde.

CONCLUSION

Les vrais coupables de la crise énergétique, c'est-à-dire de la fin de l'énergie bon marché sont donc les politiques publiques de l'énergie qui ont obéi, obéissent, et obéiront, s'il n'y est pas mis fin, à l'idéologie anti-énergie.

Ces politiques publiques se traduisent par l'augmentation des taxes énergétiques, les investissements massifs dans les renouvelables intermittents et la multiplication des obstacles à toutes autres formes d'énergie:

Les renouvelables, c'est le bien; les autres formes d'énergie, c'est le mal - même le nucléaire qui ne rejette pas du tout de CO2. Il faut donc favoriser le bien et combattre le mal.

Qui sont derrière ces politiques publiques? Les décideurs et les élites des pays développés, qui, sans jamais reconnaître leurs torts, veulent faire payer à leurs sujets, et aux autres, le prix de leurs décisions erronées.

Francis Richard

Les vrais responsables de la crise énergétique, Rémy Prud'homme, 168 pages, L'Artilleur

Livres précédents:

Gouverner c'est mentir (2019)

L'idéologie du réchauffement (2015)


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