Climat, la part d'incertitude, de Steven E. Koonin

Publié le 09 décembre 2022 par Francisrichard @francisrichard

Les scientifiques peuvent sans problème militer pour une cause qui leur tient à coeur, mais le militantisme qui se fait passer pour la Science est pernicieux.

Dans Climat, la part d'incertitude, Steven E. Koonin fait la part entre ce que les scientifiques savent du climat de manière certaine et la part d'incertitude.

CE QUE LES SCIENTIFIQUES SAVENT DU CLIMAT

La température de la terre a augmenté d'environ 1°C depuis 1850, avec une forte hausse de la pente à partir des années 1980.

Il ne faut pas confondre climat et météo: Les variations de la météo, d'une année sur l'autre, ne constituent pas des changements climatiques. [...] Comme le climat est une moyenne sur de nombreuses années, il change lentement. [...] Quelques années inhabituelles ne veulent pas dire que le climat a changé.

Le climat varie d'un endroit à l'autre en fonction de la latitude et de l'altitude [....] ainsi que de la proximité de la mer: le réchauffement est plus fort aux pôles qu'à l'équateur, sur les terres qu'à la surface des océans.

Les causes de changement du climat sont diverses: la variabilité interne due largement à de lents courants océaniques et les changements de rayonnement solaire; les activités humaines (l'auteur parle de changement climatique quand il s'agit des influences humaines).

Il est possible de reconstituer les températures du passé, avant l'invention du thermomètre, à partir de données indirectes telles que les anneaux de croissance des arbres qui permettent de remonter à quinze mille ans, les carottes prélevées dans la glace ou dans les sédiments qui permettent de remonter beaucoup plus loin, avec d'autant plus d'incertitudes que le passé est lointain: il est certain pourtant qu'il a fait bien plus chaud sur terre, bien avant l'ère industrielle.

Le réchauffement de l'atmosphère est dû à l'interception par des gaz à effet de serre du flux de chaleur infrarouge émanant de la terre, le plus significatif étant la vapeur d'eau, suivi par le CO2 dont la concentration est pratiquement la même sur l'ensemble du globe, à la différence que cette molécule intercepte certaines couleurs qui échappent à la vapeur d'eau et a donc potentiellement plus d'effet.

L'effet du CO2 émis par l'homme n'en reste pas moins minime puisqu'il ne représente qu'un flux d'énergie compris entre 1,1 et 3,3 W/m2 à comparer à l'énergie absorbée par la terre et rayonnée par elle qui est de 239 W/m2 .

Si la concentration de CO2 est bien plus faible qu'à d'autres âges de la terre, la vie s'y est adaptée et un changement pourrait la perturber, d'autant qu'il faut des siècles pour que l'excès de dioxyde de carbone disparaisse de l'atmosphère.

Pour ce qui est du méthane, CH4, il est moins concentré que le CO2, il a une durée de vie plus courte - une douzaine d'années -, mais il a un pouvoir réchauffant plus grand...

Le refroidissement de l'atmosphère, résultant du réfléchissement du rayonnement solaire, est dû à des influences humaines, telles que la production d'aérosols, l'utilisation des sols, la déforestation, et aux influences naturelles, telles que le revêtement des sols et les éruptions volcaniques.

LA PART D'INCERTITUDE

Bref les scientifiques savent que les influences humaines contribuent au réchauffement planétaire, mais qu'elles sont difficiles à distinguer des autres aspects du système climatique, tels que le solaire, les volcans et les aérosols.

Ce ne sont pas les modèles qui permettent de faire cette distinction compte tenu des écarts auxquels ils conduisent par rapport aux observations et de leur incapacité à reproduire le passé.

Prenant l'exemple des États-Unis, plus précisément des quarante-huit états contigus (donc hors Hawaï et Alaska), l'auteur s'insurge contre la façon fallacieuse avec laquelle:

- Les médias alarmistes rendent compte des records de froid et de chaleur. Les relevés de température montrent en effet que les températures extrêmes sont aujourd'hui moins fréquentes et un peu moins marquées depuis la fin du dix-neuvième siècle: les températures en fait s'adoucissent.

- L'agence américaine NCA a rendu compte d'une prétendue augmentation des cyclones tropicaux et des tornades importantes entre 1950 et aujourd'hui: sur la même période, les tempêtes les plus violentes ont même été moins fréquentes.

Pour ce qui est des précipitations, les observations nous disent qu'il n'y a pas de changement rapide, [...] que ce soit au niveau planétaire ou aux États-Unis.

Les alarmistes seront contrits d'apprendre que le niveau de la mer monte depuis vingt mille ans, qu'il a été fluctuant au cours du siècle passé et qu'il n'y a guère de preuves que la contribution humaine à cette hausse (qui est au total d'environ 3 mm/an), via sa contribution au réchauffement, a été ou sera significative et encore moins désastreuse.

Les morts du climat sont une baliverne. Les rendements agricoles ont augmenté (l'augmentation de COdans l'atmosphère a également fertilisé le monde naturel): La mortalité moyenne annuelle due à la famine se situe à environ deux à quatre pour 100 000 depuis 1980; elle était dix à vingt fois plus importante durant la première moitié du vingtième siècle. La famine reste un problème en raison de la pauvreté et des imperfections de la distribution de nourriture.

En résumé: Il est clair que les médias, les hommes politiques et souvent les rapports d'évaluation eux-mêmes déforment sans vergogne ce que dit la science concernant le climat et les catastrophes.

QUE FAIRE ?

Steven Koonin pense qu'il est illusoire de vouloir réduire à zéro les émissions de CO2 du fait que la demande d'énergie est en forte croissance en raison de la démographie et de la nécessité de sortir de nombreux pays de la pauvreté:

Combinés, les développements démographique et économique devraient accroître la demande d'énergie d'environ 50% d'ici 2050.

Les pays développés le feront sans que cela ait un impact significatif (la concentration continuera d'augmenter).

Les combustibles fossiles (80% de l'énergie mondiale) resteront prépondérants pour un moment.

Les énergies dites renouvelables présentent de sérieux inconvénients.

De plus l'incertitude règne sur le changement du climat à cause des influences humaines et naturelles et des conséquences humaines et naturelles qui en résulteront.

Selon lui, il n'y a que deux possibilités qui ne sont pas exclusives l'une de l'autre:

- la géo-ingénierie: rendre la terre plus réfléchissante et/ou sortir le CO2 de l'atmosphère;

- l'adaptation, comme l'humanité l'a toujours fait, proportionnellement, localement, de manière autonome, efficacement.

Francis Richard

PS

Petit vocabulaire en matière climatique à l'usage des non-experts:

- albédo: part du rayonnement réfléchi

- anomalie de température: écart par rapport à la température référente ou moyenne

- forçage: influence naturelle ou humaine;

- piéger: intercepter, entraver

Climat, la part d'incertitude, Steven E. Koonin, 352 pages, L'Artilleur