Une analyse plus que jamais actuelle

Publié le 14 août 2008 par Lozsoc
août 14th, 2008 Posted in Congrès du PS, France, Vidéos, Vie du PS

Ci-dessous cette vidéo signalée par Ciboulette. Il s’agit de quelques extraits d’un numéro de l’émission L’heure de vérité de feu François-Henri de Virieu diffusée dans le courant de l’année 1994. Son invité était Ségolène Royal.

Quatorze ans après, on ne manquera pas de constater l’étonnante actualité de l’analyse de Ségolène Royal au sujet du Parti socialiste.

Pour éclairer le sens de ses propos et en mesurer la portée actuelle, il convient de dire quelques mots sur le contexte politique de l’époque que l’on a tendance à passer sous silence. Au moment où Ségolène Royal intervenait sur le plateau de cet incontournable rendez-vous politique hebdomadaire, le PS venait de subir consécutivement deux monumentales raclées avec en arrière fond le drame du suicide de Pierre Bérégovoy.

Il y avait eu, en premier lieu, les législatives de 1993 qui avaient ramené le groupe parlementaire socialiste de 275 députés à 57 ! Ségolène Royal avait été d’ailleurs une des rares rescapés de cette hécatombe électorale, confirmant sa victoire de 1988.

Il y avait eu, en second lieu, les élections européennes de 1994 dont la liste socialiste « Europe solidaire », conduite par le Premier secrétaire de l’époque, Michel Rocard, n’avait récolté qu’un maigre 14,49%, aux termes d’une campagne compassée, poussive, désertée par les militants écoeurés, et minée par les guerres de courants. Rocard, la mort dans l’âme, fut obligé de tirer toutes les conséquences de cet échec. Il démissionna et fut remplacé par Henri Emmanuelli qui joua tant bien que mal le rôle de Premier secrétaire de transition jusqu’à l’élection présidentielle de 1995.

Les plus jeunes ne s’en souviendront peut-être pas, mais c’était un temps où les candidats PS agissaient comme l’on fait récemment leurs homologues de l’UMP durant les dernières municipales. Beaucoup d’entre eux cachaient tout ce qui pouvait évoquer la symbolique socialiste (le poing et la rose notamment) afin de ne pas effaroucher l’électeur.

A l’époque, la rue de Solferino attendait l’homme providentiel. On y murmurait à voix basse le nom du Président de la Commission européenne, Jacques Delors, comme possible sauveur. On attendait fébrilement sa venue qui, pensait-on, allait sortir le PS de l’ornière.

Ce murmure dura un peu au-delà du Congrès de Lièvin, en 1995, où le Politburo se déplaça, non pour entendre le jeune Mélenchon, qui déjà à l’époque racontait ses salades, mais par fidélité et respect à l’égard de François Mitterrand. Ce dernier, malgré la maladie qui le rongeait, avait tenu à partager quelques moments avec les militants du parti qui l’accompagnèrent, par deux fois, jusqu’à la présidence de la République. On n’oubliera jamais son discours émouvant à la mairie de Liévin, sa poignée de main, son salut derrière la vitre de la voiture, perlée de gouttes de pluie.

On connaît la suite. Delors a répondu « Noui ». Jospin y est allé. Et C’est Chirac qui a été élu après être parvenu à se défaire de Sa Courtoise Suffisance, Ballamou Ier.

Depuis lors, la France n’eut plus jamais de Président de la République issu des rangs de la gauche démocratique. Avec le décès de François Mitterrand, en janvier 1996, la guerre de succession, déclarée lors du Congrès de Rennes (1990), ne fit que redoubler d’ardeur. Le PS passa une grande partie de son temps à se déchirer en des luttes intestines qui opposèrent diverses écuries présidentielles. Ce qui est toujours le cas aujourd’hui.