Les bandeaux font-ils vendre ? En tout cas, ils ne lassent pas de m'étonner. S'agissant de l'ouvrage de Sally Rooney, je prends le bandeau bouton d'or au mot : si Sarah Jessica Parker l'a lu en une journée, je peux le faire. Je n'ai pas lu de romans depuis l'été dernier, je n'arrive pas à me concentrer. Tel le papillon de lumière de Cindy Sanders, mon esprit est souvent accaparé par des pensées qui n'ont aucun rapport avec ce que je lis. Le papillon va se heurter à un mot, une phrase, une idée, l'action d'un personnage. Tout peut m'expulser dans un vortex, un tourbillon dont je peine à m'extirper. Exemple, imaginons une scène de roman qui se déroule en Islande, au hasard. L'autrice Bidule déploie avec talent un décor sombre et enveloppant. Et brusquement : OH, je rêverais de voyager en Islande ! Et pof, je ne suis plus dans le roman. Je m'interroge déjà : dans quelles circonstances, quand, quoi, comment pourrais-je arpenter le pays de Bjork ? En quelle saison, en voiture de location ou à dos d'âne, que sais-je.
Mais revenons à nos moutons... irlandais, pour le coup. Car Sally Rooney est irlandaise.
Si Sarah a lu Conversations entre amis en une journée, point d'exclamation, c'est aussi peut-être parce qu'elle n'avait pas d'autres chats à fouetter ou de corvées parce qu'elle a le personnel pour s'en charger à sa place. Elle lit beaucoup, si l'on en croit ses publications sur son compte Instagram. Elle le fait savoir et elle a bien raison. La littérature a besoin de tous les talents, de poètes comme de têtes de gondole ou d'influenceuses.
Perdu dans l'océan de livres que propose la librairie centenaire Maupetit, je stoppe net devant le dernier Paul Auster sorti en poche chez Babel. Ça fait mille ans que je n'ai pas lu l'auteur de la Trilogie new-yorkaise, Léviathan ou Moon Palace. Je suis tiraillé entre l'envie de me replonger dans l'univers de l'auteur et l'effroi face au nombre de pages, 1200. La libraire a pourtant glissé sous un trombonne un petit cœur rouge sombre sur lequel est écrit Génial ! L'invite est trop laconique à mon goût. J'ai envie de dire : développez, argumentez...
Pour revenir et conclure avec Sarah Jessica, elle n'était pas très loquace non plus. Parce que je suis têtu (tordu ?), j'ai retrouvé la source du bandeau, la verve originelle (non non, n'essayez pas de trouver une contrepéterie), un avis en 3 lignes posté à ses 8,6 millions de followers :
This book. Ce livre.
I read it in one day. Je l'ai lu en un jour.
I hear I'm not alone. Je comprends que je ne suis pas seule.
X, sj
Posté il y a 250 semaines. Bon, j'ai un peu de retard. Hop, je m'y mets.
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🛒 Mon choix s'est porté sur des œuvres plus légères (en poids et en pages) que le roman de Paul Auster. Dans mon panier, des livres format poche, Conversations entre amis et Normal People de Sally Rooney, La maison de mes pères de Jørn Riel, Bon rétablissement de Marie-Sabine Roger (j'avais beaucoup aimé ses Bracassées) et enfin Tant que le café est encore chaud de Toshikazu Kawaguchi pour lequel la libraire-caissière de chez Maupetit m'a convaincu en me gratifiant d'un sourire et d'un pouce en l'air, signe d'approbation : 👍🏻
Vous avez lu (en un jour, dix jours ou plusieurs semaines) et aimé un de ces romans ?