Jeudi, 14 Août 2008 21:10
Le point sur la situation, par Jacques DEHAIRE
« Identité de vues »...Entre Paris et Washington sur le « dossier géorgien », l'expression doit être (légèrement) inappropriée ...ou alors la secrétaire d'Etat US ne tient pas le même discours que Bush ou son ministre de la Défense, ce qui constituerait un vrai événement ! Passons. En politique, le langage et le ton changent souvent en fonction des interlocuteurs. L'essentiel, c'est que la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice ait quitté Brégançon pour Tbilissi via Paris (dans le même avion que Kouchner) avec un « certain nombre de documents » susceptibles « de consolider le cessez-le-feu » et « d'amorcer le retrait des troupes russes » qu'elle remettra au président géorgien.
Quels sont ces mystérieux « documents » qui s'ajoutent au « plan en six points » déjà signé ? « Secrets d'Etat »... Mais tout donne à penser qu'il s'agit de précisions et d'engagements de Medvedev sur les conditions et les délais du retrait total des troupes russes sur le sol géorgien. Un retrait qui n'a jamais été annoncé comme « immédiat » et dont la lenteur se justifie aux yeux de Moscou par un certain nombre de facteurs dont deux expliquent bien des confusions qui alimente la « guerre des mots » et des propagandes : les unités géorgiennes ne sont pas aussi disciplinées que les autorités politiques le pensent et la région ossète est infestées de bandes et de clans, de mafias et de malfrats qui tirent parti des événements pour « faire leur beurre » ou se défouler. Le passage de témoin entre les soldats russes et les policiers géorgiens n'est pas aussi simple que l'on pouvait l'espérer.
Qui plus est, que l'armée russe tire parti de sa supériorité pour saper ce qui reste de quelques bases géorgiennes est dans la logique des choses, même si c'est condamnable. L'état-major russe a jugé légitime la présence de soldats russes "de maintien de la paix" à Poti et "d'unités de reconnaissance" à Gori, par le fait que le plan de paix validé mardi par la Russie et la Géorgie sous l'égide de la présidence française de l'Union européenne permettait à la Russie de mettre en oeuvre des « mesures additionnelles de sécurité » en attendant le déploiement d'observateurs internationaux. C'est peut-être fallacieux, mais, Sarkozy en reste convaincu : Medvedev tiendra sa parole si les Géorgiens tiennent la leur. L'ambassadeur de France en Géorgie est du même avis et précise même une date : le 15 août, donc demain. Nous verrons bien. Angela Merkel pourra voir cela de près. Elle ira en Géorgie ce week-end après sa rencontre de Sotchi avec Medvedev.
En attendant, la tension sur le terrain ne favorise pas l'esprit de compromis chez les politiques et les diplomates.
>>>Les Polonais ont signé avec les Américains un accord de principe que l'installation du bouclier antimissile (avec livraison de Patriots) Moscou ne va pas apprécier. Surtout que varsovie fait unmien entre la situation en Géorgie et cet accord....On le sait : Depuis des mois, la Russie a prévenu qu'elle riposterait à l'installation dans son ancienne arrière-cour, dans l'Europe centrale post-communiste, d'un bouclier antimissile que les Etats-Unis affirment destiné à protéger le territoire américain d'éventuelles menaces de pays comme l'Iran."Nous serons obligés d'y répondre de façon adéquate", a mis en garde à plusieurs reprises le président russe Dmitri Medvedev. "L'Union européenne et les Etats-Unis ont été avertis".
>>> Les Ukrainiens ont tenté de vouloir contrôler les mouvements de la flotte russe en Mer Noire. Les amiraux russes ont haussé les épaules
>>>Au risque d'accentuer les tensions diplomatiques, le président russe a reçu dans la matinée au Kremlin les dirigeants des deux provinces séparatistes géorgiennes en leur promettant le soutien de Moscou."La position de la Russie n'a pas changé: nous soutiendrons toute décision prise par les peuples d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie (...) et non seulement nous les soutiendrons, mais nous nous porterons garants d'eux dans le Caucase et dans le monde entier", a-t-il déclaré.
>>>Le parlement géorgien a voté à l'unanimité la sortie de la Géorgie de la Communauté des Etats indépendants (ex-URSS moins les Etats baltes), annoncée par le chef de l'Etat Mikheïl Saakachvili.
>>> Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, qui avait déclaré que les Etats-Unis devraient choisir entre leur soutien à la direction géorgienne et un « partenariat réel » avec la Russie, a réaffirmé jeudi que l'intégrité territoriale de la Géorgie était « limitée de facto ». Cette question ne peut être réglée qu'en « recherchant des voies mutuellement acceptables », le principe même de l'intégrité territoriale de la Géorgie n'est pas en cause, mais « la situation réelle dans les rapports abkhazo-géorgiens et osséto-géorgiens est telle que, dans les deux cas, la communauté internationale a reconnu l'existence de conflits et la nécessité de créer des mécanismes de pourparlers et d'établissement de paix pour les régler ».
>>> la Commission européenne a souligné jeudi que l'accès des travailleurs humanitaires aux zones nécessitant une assistance en Géorgie ne s'était pas amélioré depuis l'annonce de cessez-le-feu de Moscou.
>>> Le Quai d'Orsay a annoncé qu'un troisième appareil français, chargé de 60 tonnes de matériel humanitaire d'urgence, était arrivé aujourd'hui à Tbilissi, portant à 1 million d'euros l'aide totale de la France, hors contributions des ONG.
Les Etats-Unis ont fait également parvenir à Tbilissi, mais le Kremlin s'interroge sur la nature exacte des cargaisons, sans préciser ses craintes et ses soupçons. Signe de la méfiance et de défiance. Les monts les plus hauts du Caucase sont fait de volcans surmontés de glaciers...Volcaniques et glaciales, les relations américano-russes. Malgré les sourires ensoleillés de Condoleezza Rice
Jacques DEHAIRE
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