Rita Mestokosho est la première Innue à avoir publié (en 1995) de la poésie. La maison d’édition Mémoire d’encrier publie à la fin de cette année Le coeur du caribou, et on peut y lire aussi Un jour Madiba m’a dit.
Ce qui est remarquable dans cette publication, c’est sans doute la manière dont Rita Mtsokosho tresse les deux langues : l’innu aimun et le français. Quand elle utilise les deux langues, elle ne met jamais l’une sur une page et l’autre sur une autre en vis-à-vis. Elle alterne un vers en innnu aimun, un vers en français. Parfois elle met des mots innus dans un texte en français. Parfois son poème n’est écrit qu’en français. Si bien qu’on lit les mots de l’innu aimun, la parole innue.
« nitei aimun
la voix du coeur
ka minit tshetshi nitautshian
nete ut nutin
celle qui m’a permis
de grandir à travers le vent »
Un seul vers est en italique, et c’est dans un poème où elle parle à sa Nukum, sa grand-mère.
Au-delà de ces considérations, on lit dans ce recueil l’amour de la Terre, Nikaui Assi, des êtres vivants, saumon, caribou, aigle :
« je deviendrai saumon
pour te faire sentir la beauté en toi
oui je deviendrai saumon
pour nourrir tout un peuple »
En rêve, elle a vu Madiba, Nelson Mandela et commencé à lui parler et à l’écouter. Par-delà les frontières qui n’existent pas, ce dialogue fait naître le mot liberté.