Quand le bateau approche au loin
l’averse survient et l’aveugle soudain.
Les gouttes de mercure frémissent sur les vagues
et le gris-bleu s’étend.
L’océan s’en va jusque dans les cabanes.
Une lueur dans l’obscurité du vestibule.
Des pas lourds à l’étage
et ces coffres aux sourires fraîchement repeints
Un orchestre indien de récipients de cuivre.
Un nouveau-né aux yeux de houle.
(La pluie cesse peu à peu.
La fumée fait quelques pas dans l’air
et chancelle au-dessus du toit.)
Voici encore davantage de choses
plus grandes que dans vos rêves.
La plage et les huttes des anguilles.
Une affiche portant l’inscription CABLE.
La vieille lande brille
pour celui qui vient à tire-d’aile.
De fertiles lopins derrière les rochers
et l’épouvantail, notre sentinelle
qui appelle les couleurs.
Cet étonnement toujours aussi immense
quand l’île me tend la main
et me tire de ma tristesse.
Tomas TRANSTROMER in Il pleut des étoiles dans notre lit – Cinq poètes du Grand Nord, Poésie/Gallimard, 2012
Pour ce rendez-vous poétique de décembre, Marilyne et moi vous proposons chacune un extrait de ce petit recueil consacré à cinq poètes nordiques. Marilyne a choisi Inger Christensen.
En accompagnement pictural, je vous propose ce tableau d’Anders Zorn, peintre suédois, vu lors d’une magnifique exposition au Petit Palais à Paris en 2017.