L'Italie a connu de grands champions cyclistes : Bartali, puis Coppi... Combien de fois ai-je entendu mon grand-père italien et fan des grands Tours vanter leurs exploits et souligner chez chacun d'eux la force, la manière, le mental. Du fait de son origine paysanne, Gino Bartali avait sa préférence. Et c'est à lui qu'est consacré cet essai d'Alberto Toscano.
Le vélo est pour lui le prolongement de l'athlète, et Bartali en est " le Centaure ", une sorte de " Minotaure " comme le dessine Picasso dans un tableau qui montre de manière saisissante l'analogie entre le vélo et la tête du monstre taureau. Gino est un nouvel Icare qui pédale avec la fougue, l'élan et la hauteur qui font croire aux colonnes fascistes et nazies qu'il s'entraine.
Mais ce que l'ennemi ne voit pas, c'est que dans les tubes du cadre de son vélo supersonique, Bartali transporte des faux-papiers qu'il va livrer dans un couvent pour faciliter le sauvetage des Juifs. La popularité dont il jouit en Italie lui vaut les applaudissements de ceux qui restent au fond du labyrinthe.
Published by Eric Bertrand