Je choisissais des thés, juste pour avoir humé les feuilles sèches dans les grandes boites du marchand, avec une préférence pour les thés verts et bleus-verts. Je furetais sur le net pour savoir comment « bien » déguster… et puis cherchais d’autres expériences de dégustation des thés que je buvais. Mais voilà, le plus souvent ce ne sont pas des thés très internetisés. Alors il me fallait des livres.
Le savoir par les livres. J’ai toujours été victime de ce parti-pris utopique : sans livre, je ne pouvais pas avancer.
Et puis il y eu quelques expériences, quelques textes ici et là, des mots doux de quelques un(e)s : de quoi me décomplexer. Mon nez, mes papilles, ma langue affinent leurs perceptions, elles sont encore vagues mais elles sont sur le bon chemin. Et puis il y eu les livres, enfin le premier plus précis sur la dégustation que l’ « ABCDaire du thé » ou les livres sur la civilisation chinoise et japonaise par le thé. Et voilà, je déguste, note mes impressions et compare avec une dégustation fine de cette ingénieur agronome Lydia GAUTIER. Les différences me touchent plus que les points communs :
*source pivoine Helothi
Un Bai Mu Dan au zhong :
Les feuilles sont brisées, j’y retrouve des brindilles et de jeunes pousses, le tout est vert profond voir vert marron pour les brindilles. L’odeur du thé (feuilles sèches) a une note douce comme vanillé, un peu fruité aussi comme une prune pas encore mure. L’infusion (feuilles mouillées) décèle des feuilles d’un vert profond.
Le couvercle apporte une note olfactive très légère, florale, comme du frésia ou du lilas et un peu boisé, du foin qui vient juste d’être entreposé. La liqueur est jaune pâle, transparente, sucrée et florale comme quand je suçais la sève de la base des pistils de chèvrefeuille. Elle laisse une très légère amertume en bouche. La saveur est très douce …je ne sais pas s’il faut mettre ce caractère sur le thé en lui-même ou sur le fait que je l’ai entreposé chez moi depuis quelque temps.
La dégustation de Lydia GAUTIER dans « Le thé » :
« Bai Mu Dan, Pivoine blanche, Chine continentale
Type de thé : thé blanc récolte fine, Lieu de production : province du Fujian, (…)
Feuille sèche : apparence : bourgeons duveteux vert argenté et une majorité de feuilles vert sombre. Odeur : attaque bois sec, note grillée.
Feuille infusée, nommée infusion : apparence : bourgeons vert jade et feuilles fauves. Odeur : fruitée abricot et fleurie rose anglaise.
Liqueur : Couleur : limpide, jaune pâle. Odeur : même nez que l’infusion avec une note de cacao. En bouche : légères astringences et acidité, épais. Note zestée en tête, puis des notes cacao et fleuries.
(…) »
*ma photo a été formatée (j’essaye de la récupérer)
Alors ces différences ! Est-ce mes papilles, mes narines ? Est-il question que d’entraînement, de savoir-faire sensitif ? Est-il question de différence de qualité de thé, en sachant que mon thé vient de la maison Cha Yuan (de bonne qualité) mais qu’il s’est peut-être un peu éventé ? Je ne sais pas.
En tous cas, j’ai autant profité de ma dégustation que si j’avais eu les bons termes ou les bonnes effluves, saveurs et arômes. Je ne suis qu’une apprentie mais aussi, et surtout, ce n’est pas l’expertise qui nous amène vers une bonne dégustation. Il va sans dire que j’aimerais aussi me perfectionner, être plus pertinente…n’hésitez pas à visionner cette vidéo sur l'art de déguster le thé par François-Xavier DELMAS, du "Palais des thés".
Mais qu’est que c’est qu’une bonne dégustation au final ? Francine nous livrait une piste et d’accord avec elle, j’assume et signe : déguster le thé est à la portée de tous ceux qui veulent bien arrêter le cours des choses, prendre le temps, boire et laisser son corps et sa tête sereins. Les images arrivent d’elles-mêmes, le dépaysement ou justement le recentrage…sur soi.