Plus de 40 ans de créations artistiques, peinture, sculpture, vidéo, musique, c’est tout un trajet dont je n ‘ai vu que les oeuvres récentes. Mais ce qui est aussi visible sur internet me permet de considérer que le travail n’est fait d’aucun renoncement. Parfois cela semble un empilement. Parfois un repentir, de ceux dont Paul Valéry évoquait « l'étonnement que l'œuvre achevée doit causer à son auteur ».
C’est que Pierre Mounier considère que sa peinture lui échappe en partie. Il lui laisse cette possibilité.
Bien sûr dans la signification de ce qui est donné à voir et dont l’interprétation doit autant à celui ou celle qui regarde qu’à celui qui a fait — N’est-ce pas l’histoire des Ménines de Velasquez ou du Couple Arnolfini de Van Eyck ? mais aussi de tous les tableaux, avec ou sans miroir… —. Ainsi je vois dans le tableau reproduit ci-contre un oiseau en vol, un autre oiseau debout sur ses pattes et un bateau, interprétation peut-être due à la proximité du Lac de Saint-Mandé.
Et plus encore dans sa technique même : les tableaux que j’ai vus semblent faits d’un noir emplissant toute la toile mais la part de celle-ci repliée sur le cadre est blanche de manière inégale. En un mot, ça déborde un peu. On pourrait croire que l’oeuvre est inachevée. Mais non, l’artiste me dit travailler à de grandes toiles, une par jour, dont la peinture a de ces échappées, fils, taches, mouchetures, projections. Ces traces soulignent la limite, la dépassent, s’en libèrent.
On voit aussi ces traces dans les petits formats réalisés à la craie Conté : le trait ne s’arrête pas aux contours, il y a un après, il y a un ailleurs.
Cs oeuvres étaient exposées à Saint-Mandé (94) dans le cadre de la 38ème semaine de l'art contemporain.