L'analyste Peter Wannemacher (Forrester) suggérait récemment aux banques trois fonctions originales à introduire dans leurs applications mobiles afin de briller face à la concurrence. Bien que les prémices en soient prometteuses, j'ai immédiatement envie de relever le niveau d'ambition de chacune d'elles, que je considère trop modeste en l'état.
En prenant sa liste à rebours, commençons par ce qui devrait être une évidence en cette période d'inflation galopante et de crise du pouvoir d'achat. Les consommateurs sont tentés, et parfois contraints, de s'endetter pour faire face à leurs besoins de première nécessité, aussi serait-il de bon aloi de mettre en place les outils leur permettant de mieux maîtriser leurs engagements et d'éviter d'entrer dans une spirale infernale… dont les conséquences seront néfastes pour toutes les parties prenantes.
Les références en la matière se réduisent malheureusement, pour l'essentiel, à quelques établissements offrant à leurs clients plus de visibilité sur leur score de crédit et, dans le meilleur des cas, des explications sur les critères qui entrent en jeu dans son calcul. Ce qui ferait vraiment la différence, selon moi, serait surtout de fournir un accompagnement intelligent de proximité, composé de conseils pratiques élaborés à partir d'une analyse de la situation, du comportement et des projets de chacun, à la manière de Nickels.
Le deuxième axe envisagé est celui des finances de groupe, notamment au sein de la famille. Il est vrai que le seul produit généralisé en la matière, le compte joint, mérite une cure de jouvence. Là encore, une approche par le bien-être constitue une des pistes les plus attractives, du moins si elle ne se contente pas de gadgets superficiels et, au contraire, appréhende les enjeux dans leur ensemble, par exemple en prenant en compte les frictions psychologiques inévitables entre les individualités (cf. Fr33m3n).
Reste enfin le vaste sujet des impacts environnementaux où l'invitation de Peter à rejoindre les rares banques dans le monde qui mettent à la disposition de leurs clients un calculateur d'empreinte carbone de leurs dépenses est, de mon point de vue, résolument insuffisante pour répondre aux attentes (légitimes) exprimées de plus en plus bruyamment par les citoyens, notamment parmi les jeunes générations, et ce, alors que l'industrie financière est extrêmement bien placée pour proposer de vraies solutions.
D'emblée, les options de mesures d'émissions d'équivalents CO2 qui commencent à se répandre sur le marché cumulent les faiblesses. D'abord, les valeurs affichées ne signifient rien, concrètement, pour madame- ou monsieur-tout-le-monde (spontanément, si je vous dis que mon empreinte s'élève à 400 kg de CO2 par mois, suis-je bon ou mauvais élève1 ?), même en les illustrant de comparaisons théoriques. En outre, comme toujours, les démarches passives n'incitent qu'une petite minorité à agir.
Les banques hébergent des données qui, grâce aux technologies disponibles aujourd'hui, leur ouvrent d'immenses opportunités d'aider les consommateurs dans leur vie quotidienne et de satisfaire leurs besoins, explicites ou non. Celles qui se détacheront du lot sont celles qui, au-delà de capacités d'analyse, sauront exploiter ces tendances pour développer des modèles de recommandations hyper-personnalisées et se rapprocher de la sorte de leurs clients, jusqu'à se transformer en compagnon indispensable.
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