"Je ferai, oui, l'éloge de la poésie. Sans restrictions. Sans états d'âme. Parce que la poésie n'est justement pas le lieu de la demi-mesure. Je le ferai d'une voix pleine, vive s'il le faut. Parce qu'on ne peut admettre plus longtemps, n'est-ce pas, que les poètes, malgré les révérences qu'on leur fait de loin en loin pour se disculper de la désinvolture et de l'indifférence avec lesquelles on les traite ordinairement, soient renvoyés à leur étrange petit commerce particulier qui n'aurait rien à voir avec les affaires du monde. Je veux faire l'éloge de la poésie pour tous, non pas, voyez-vous, comme un agrément, un ornement de l'existence ou le partage de je ne sais quelle distinction supérieure:comme une nécessité vitale."
Jean-Pierre Siméon chante les vertus millénaires de la poésie dans ce petit recueil à garder précieusement auprès de soi...
"Le poème est un seuil qui mène à l'intensité perdue d'une présence pleine à soi, au tout de la vie, à la vertigineuse intensité du réel et à l'ivresse d'être qui naît en nous de simplement l'approcher."
"D'une part, la poésie est un combat contre la pente naturelle et fatale de toute langue, dans on usage social, à imposer une lecture fermée et univoque de la réalité, contre donc sa tentation totalitaire. D'autre part, la poésie nomme une farouche insurrection de la conscience contre tout ce qui ampute la vie de sa force désirante, de son aspiration même à s'affranchir de toutes limites."
L' "état de poésie" est un "état incandescent de la conscience propre à percevoir des liens et des affinités ordinairement absents à la pensée entre les lointains et les contraires, le haut et le bas, le concret et l'abstrait, les êtres et les choses, l'esprit et le corps, l'âme et la main, l'infime et l'immense, c'est illimité."
Dans un monde essoufflé qui perd son âme, la langue se retrouve asphyxiée et doit être libérée "Il n'est de parole que quand la langue respire. Le poème, c'est l'âme dans la langue. Seul le poème est parole."