We live, l'ère des Palladions : voilà le monde que nous laissons à nos enfants.

Par Hectorvadair @hectorvadair

Au-delà de toute facilité et de toute attente, ce second tome d'une série amenée à devenir culte, déjoue les pronostics et pousse plus loin le challenge et la prouesse artistique.
Année 2090. Suite aux événements catastrophiques ayant déclenché l'activation de "la Frappe", balise récupérant le flot d'énergie souterrain ayant été produit par les humains et permettant de sauver une partie de l'humanité (voir chronique du tome 1), les enfants choisis ont pu activer leurs pouvoirs respectifs. Les cités reconstruites ou tenant encore debout sont néanmoins aujourd'hui protégées par des bouclier de force, car des entités monstrueuses géantes issus des sols irradiés (les "Cenotes mères", incubateurs sous terrains) sont apparues à leurs portes, menaçant la race humaine. Les Palladions - méchas avatars du groupe d'enfants - sont le dernier rempart contre cette prolifération, mais il ne faut pas que les flux d'énergie, courant au delà des dômes, et alimentant l'ensemble de ces forces, soient rompus. Deux missions de dernières chances sont lancées simultanément...
Qu'est-ce qui différencie une série de comics SF d'une autre série dans la même catégorie ? Les frères Miranda, auteurs espagnols tous deux issus du milieu culturel populaire (cinéma pour Roy et dessin pour Inaki) sont aussi passionné par le jeux vidéo. S'ils ont déjà une carrière professionnelle bien entamée, Inaki ayant déjà réalisé de nombreux travaux pour DC, 2000AD et une belle série entre 2013 et 3015 : Coffin Hill, chez Vertigo, avec Caitlin Kitredge, c'est leur association qui les a révélé en duo avec la série We Live, nominée aux Eisner Awards en 2020. Le premier tome recueil paru en novembre 2021 chez 404 comics a défrayé la chronique, grâce à un scénario, mais aussi et surtout un ton, et une patte graphique très originale et séduisante. L'histoire de cette fratrie composée du petit Hototo et de sa plus grande sœur Tala, baignés dans la culture du super héros et des valeurs de serments, pris dans les soubresauts d'un monde qui s'effondre, a conquis un large lectorat. D'autant plus que l'univers graphique d'Inaki possède tous les atouts qu'un comics grand public peut rêver de posséder : dessin numérique précis et fluide à la fois, mise en page dynamique et aérée, scènes de combat  efficaces ne se substituant pas aux passages plus introspectifs, couleurs magnifiques...le tout au service d'un scénario puissant où l'émotion est toujours palpable. 

 
On avait laissé à la fin du premier tome, nos deux enfants rejoindre d'autres "choisis" au sein de l'arche, et on les retrouve certes un tout petit plus âgés, mais avec des responsabilités énormes, dans un monde devenu si complexe, violent et sans espoir que leur charge est quasi inhumaine. Tâchant de faire fi de ces difficultés et se rappelant leurs promesses, leurs serments, ainsi que conscients de la charge qui leur incombe au niveau du monde des adultes, qui a placé tout ses espoirs en eux, ils partent au combat, sûr de rien, et vont en baver.
"Voilà le monde dans lequel nous vivons", semblent nous expliquer les frères Miranda, qui auraient pu se contenter d'une suite tranquille à leur début de scénario de We Live. Cependant, cette vie, qu'il faut protéger, a un coût, souvent élevé, et super héros ou pas, le tribut peut être douloureux. Ayant vécu des drames familiaux durant la réalisation de cette histoire, les auteurs ont été rejoint par la réalité qui a influencé leur fiction, donnant encore plus de force à un récit déjà bourré de vérités, de sensations très humaines. Voilà le monde que nous laissons à nos enfants : une ère de sacrifices.
Un comics philosophique bourré de talents, à la très belle finition cartonnée, et donc essentiel.
FG
 
We live T2 : l'ère des Palladions, par The Miranda brothers
Éditions 404 comics (16,90 ) - ISBN : 9791032406632