Performances dans l’espace.

Publié le 01 décembre 2022 par Toulouseweb

1er décembre 2022 – Je suis épaté par les performances étonnantes des satellites sondes et robots dans l’espace. Des premiers objets lancés, dont la vie en orbite était très courte, de quelques jours ou heures à quelques semaines, on est passé à des mois, puis des années. Et en même temps que ces objets devenaient de plus en plus utiles et sophistiqués, leur durée de vie a augmenté dans des proportions inouïes.

Ainsi nos satellites d’observation météorologique, de communication, de forte puissance, très lourds, avaient une durée promise de quatre à cinq ans, principalement liée à leurs réserves de carburant, permettant de les maintenir en orbite, mais aussi aux performances de leurs panneaux photovoltaïques, fournissant à surface égale de plus en plus d’énergie, de leurs équipements, de plus en plus robustes. Mais à ces qualités s’ajoutent bien sûr celles des entreprises, techniciens et ingénieurs, qui construisent ces engins, les placent en bonne position dans l’espace, proche ou plus lointain, et les maintiennent « à poste » avec une brillante économie des réserves de l’indispensable carburant qui alimente les petits moteurs leur permettant de fonctionner le plus longtemps possible. Certains satellites ainsi, avec une puissance de peu de kilowatts, et d’égales réserves, demeurent en place et effectuent leur mission jusqu’à 15 ans et plus !

Du coup, les savants travaux de réparation en orbite, ou de ravitaillement qui apparaissaient comme une urgente nécessité, démontrée un temps par la navette spatiale, (réparations d’Hubble 5 fois, de Solar Maximum, etc.) deviennent moins prioritaires. Le ramassage de satellites dans l’espace, réparés sur place ou sur Terre (récupération des satellites Westar 6** et Palapa B2** en 1984) et remis à poste n’a finalement pas été jugé comme rentable. Et, les navettes clouées au sol en 2011, on est ensuite passé à des projets de satellites « stations service » de ravitaillement, satellites mécaniciens, qui n’ont pas encore vu le jour. Faute de nécessité. Réparer ou ravitailler un satellite qui a plus de 10 ans, qui est donc « vieux », technologiquement obsolète, n’est plus un objectif prioritaire non plus. Gardons en mémoire ce record : Inmarsat-2 F2, deuxième satellite Eurostar de communications fabriqué par Matra Marconi Space, devenu Airbus Defence and Space, a quitté le service opérationnel en décembre 2015, après plus de 23 ans en orbite géostationnaire !

Parlons également des sondes, ces petits robots envoyés depuis les premiers Luna soviétiques à la conquête du cosmos, ou sur des planètes (ou des lunes), voir aux confins du système solaire ou de l’univers. Les deux sondes jumelles Voyager lancées en 1977 par la NASA, après la famille Pionner, transmettent encore quelques informations, au JPL, le Jet Propulsion Laboratory de Pasadena, 44 ans après leur lancement vers Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune. Mission vers les planètes accomplie, elles ont été réorientées vers le vaste univers. Leurs générateurs atomiques (générateurs thermoélectriques à radio-isotopes (RTG)) conçus pour fonctionner 5 à 10 ans leur fournissent encore de quoi envoyer des bribes d’information, et la preuve de leur survie, alors qu’elles approchent de l’héliopause, la frontière magnétique du système solaire, vers 23 milliards de kilomètres de notre astre, l’Etoile des terriens. Voyager 1 devrait passer dans la périphérie de l’étoile « AC+79 3888 » dans la constellation de la Girafe dans 40 000 ans et Voyager 2 rendre visite à Sirius, la plus brillante des étoiles de notre ciel, dans 296 000 ans. Joli. Je ne cesse de m’émerveiller. Je pense aux messages embarqués par les sondes et destinés à d’éventuelles civilisations rencontrées dans notre galaxie, ou une autre !

Mais sans aller aussi loin, je suis stupéfait par les petits robots martiens qui nous ont tant passionnés, les rovers Curiosity et Perseverance. « Curiosity » du Mars Science Laboratory (MSL) de la NASA s’est posé sur la planète Mars en 2012. Prévu pour fonctionner deux ans il travaille toujours, 10 ans après, et n’a cessé depuis de recueillir des données de mesures environnementales qui ont ravi les scientifiques du monde entier. L’astromobile Perseverance lancé avec la sonde Mars 2020, en juillet 2020, reprend l’architecture de Mars Science Laboratory et de son rover Curiosity. Et son temps dépassé depuis l’été dernier, poursuit allègrement sa mission de collecte d’échantillons qu’une mission future ira recueillir et rapportera sur Terre. Déjà une longue liste d’exploits à plus ou moins 140 millions de kilomètres de notre planète bleue, et dans une atmosphère particulièrement hostile.

La société finlandaise Vaisala*** équipe les deux rovers de ses capteurs météorologiques. Elle s’enorgueillit de la durée de vie, de la persévérance ( !) de ses instruments. Les technologies de mesure de Vaisala déployées sur Curiosity et Perseverance sont les mêmes que celles qui sont utilisées quotidiennement dans presque toutes les industries sur Terre. Mais adaptées à cet environnement difficile, où il n’est pas question de faire des réparations. Et les capteurs font leur office. Sans défaillir.

Mars est une planète poussiéreuse et froide, avec une atmosphère très différente de ce que nous connaissons sur Terre. La température moyenne est d’environ -63 °C, mais des températures de surface de +35 °C ont été enregistrées en journée. Du point de vue de la recherche, Mars offre aux chercheurs l’occasion de mieux comprendre l’évolution de la Terre et la façon dont elle pourrait changer dans l’avenir. Par exemple, si Mars et la Terre étaient toutes deux humides et chaudes il y a quelques milliards d’années, pourquoi ont-elles ensuite pris des voies séparées ?

Les rovers sont mobiles. Ce qui signifie que Curiosity fait office de station météorologique à de multiples endroits. En outre, Perseverance, le dernier véhicule martien de la NASA, parcourt aussi actuellement la surface de Mars et effectue également des mesures à l’aide de technologies Vaisala similaires. Opérant à environ 2 000 km l’un de l’autre, les deux robots posent les bases d’un réseau d’observation atmosphérique, nécessaire pour mieux comprendre et prévoir la météo martienne. En prélude à la visite annoncée des humains ?

Au moment où les missions lunaires reprennent et où les humains vont très bientôt quitter à nouveau l’orbite terrestre, ces nouvelles de Mars ajoutent à notre besoin de satisfaire notre curiosité. Et nous replongent pour de bons moments loin de nos misères terrestres, et dans des rêves pacifiques exaltants. Jean-Loup Chrétien à célébré avec nous cette année les 40 ans du premier vol spatial d’un européen, d’un francophone, d’un français. Notre seconde femme astronaute, après Claudie Haigneré, est déjà en passe de partager bientôt avec nous ses rêves. Qui a dit qu’il fallait cesser de rêver au ciel et à l’espace ? Pas un être humain, à coup sûr ! Michel Polacco pour AeroMorning.

*Sondes Voyager : https://fr.wikipedia.org/wiki/Programme_Voyager

** Westar 6 récupéré en 1984 par Discovery fut vendu à un consortium asiatique qui le remit à Poste le 8 avril 1990 avec une fusée Longue Marche 3. Palapa B2 après sa remise en état a été relancé par une fusée Delta II le 13 avril 1990.

***Vaisala : https://www.vaisala.com/fr/news-and-media/there-anybody-out-there-yes-we-are