Economie : Pas de vacances pour la stagflation

Publié le 14 août 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com
Jeudi, 14 Août 2008 18:17
Par William PETITJEAN

Le pire n'est jamais sur. Mais il arrive que les pessimistes aient raison. C'est vrai en économie comme en géoplitique...En l'occurrence, l'optimisme cultivé depuis des mois par Sarkozy sur le redressement d'une économie française minée par les déficits, grevée par un commerce extérieur défaillant, mal soignée de ses maux structurels par des remèdes inadaptées et des réformes qui suscitent plus de vaines polémiques qu'un regain de confiance, est battu en brèche. Et ce n'est pas la conjoncture internationale qui explique tout.
Certes, tous les pays européens (ou presque) connaissent la stagflation : croissance bloquée, et inflation libérée. Et le mot récession redevient adapté aux réalités. Etat d'urgence en Espagne où une série de mesures fiscales notamment viennent d'être annoncées, panne générale dans une Italie qui n'est sauvée que par l'économie souterraine, repli en Allemagne, désillusion au Royaume-Uni... L'Europe se rend compte qu'elle paye très cher les pots cassés aux Etats-Unis et les factures des crises financières, énergétiques, et alimentaires mondiales.
Mais, la France souffre particulièrement pour des raisons spécifiques.
SARKOZY EN ECHEC .François Hollande et l'opposition socialiste ont plus de critiques justifiées sur ce terrain que sur le champ diplomatique.. « Nicolas Sarkozy a gaspillé les marges de manœuvre budgétaires dont nous disposions. Aujourd'hui, nous sommes sans munition pour réarmer la machine. Certains économistes disent que le plan de relance Tepa (travail, emploi, pouvoir d'achat) de l'été 2007 a permis d'amortir la crise », estime-t-il dans une ITW au Monde.
« En fait, le gouvernement a dépensé de l'argent public pour des motifs qui n'étaient pas les bons. Il ne l'a pas fait pour relancer l'économie mais pour favoriser des clientèles électorales. Le bouclier fiscal, accordé aux plus riches, n'a eu aucun effet sur la consommation des ménages. Les mesures d'exonération de l'impôt de solidarité sur la fortune n'ont pas permis de relancer l'investissement. Les déductions d'impôt sur les emprunts ont été neutralisées par la remontée des taux d'intérêt. C'est un échec. »
CHIFFRES : Les chiffres INSE publiés aujourd'hui ont valeur de réquisitoire en effet : Croissance en baisse de 0,3 %, déficit record des échanges commerciaux, production industrielle en chute, retour de l'inflation ...En 2007, la progression du produit intérieur brut (PIB) avait atteint 2,2 % avec une hausse maintenue de 0,6 % au premier trimestre 2008 : l'Insee annonce un recul de 0,3 % du PIB au deuxième trimestre. Autant dire que la perspective de réaliser une croissance comprise entre 1,7 % et 2 % pour l'année 2008 tout entière s'éloigne. Ce qui rend difficiles à atteindre tous les objectifs, y compris en matière de création d'emploi, de non diminution (on ne peut plus parler d'augmentation) du niveau de vie et de non aggravation des inégalités.
RESUME : Les indicateurs économiques et sociaux virent les uns après les autres au rouge. >>>Les ménages restreignent leurs dépenses et affichent un moral en berne, car le chômage est reparti à la hausse (+0,3 % en mai et +0,2 % en juin).
>>>Les effectifs salariés des entreprises hors agriculture ont diminué de 0,1 % au deuxième trimestre et l'indice des salaires hors agriculture et secteur public a moins progressé (+3,1 % en un an) que les prix (+3,5 % de juin 2007 à juin 2008).
>>>Les entreprises industrielles produisent moins (-0,4 % en juin après - 3 % en mai) et perdent confiance dans l'avenir immédiat.
>>>Le secteur immobilier voit son activité décrocher sérieusement; le nombre des permis de construire se contractant (-15 % au deuxième trimestre) ainsi que celui des mises en chantier aussi (-28 %).
>>> Enfin, le déficit du commerce extérieur a battu en juin un nouveau record avec un montant de 24,4 milliards d'euros au premier trimestre.
L'ALLEMAGNE ESSOUFFLEE Ce que l'INSEE ne doit pas, c'est que ces résultats seraient plus mauvais encore si l'Allemagne ne jouait pas les moteurs de la zone euro. Or, en Allemagne aussi, les chiffres publiés hier traduisent une sérieuse baisse de régime...
Le produit intérieur brut (PIB) a reculé de 0,5% entre avril et juin par rapport au premier trimestre, selon des données provisoires publiées par l'Office fédéral des statistiques (Destatis). Il s'agit de la première baisse du PIB allemand depuis l'été 2004.

Selon cet office des statistiques, le deuxième trimestre a été marqué par "un recul des dépenses de consommation des ménages et des investissements plus faibles". La plupart des économistes prévoient une conjoncture faible pour les mois à venir. Principaux motifs d'inquiétude : la contraction de la demande de l'étranger et un pouvoir d'achat amputé par l'inflation (+3,3 % en juillet sur un an).
Mais il existe une grande différence (entre autres) entre la France et l'Allemagne :le moral. . "Il n'y a aucune raison de peindre un tableau aussi sombre des perspectives à moyen terme", a affirmé en début de semaine Axel Weber, le président de la Bundesbank, la banque centrale allemande. Compte tenu de la performance du premier trimestre, le gouvernement table toujours sur une croissance de 1,7 % pour 2008. Ce qui ne met pas le moral en berne : les prévisions allemandes sont souvent plus réalistes (ou en tous cas moins marquées par la méthode Coué que les françaises...
William PETITJEAN


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