L'atterrissage économique et social se fera-t-il en douceur ?

Publié le 29 novembre 2022 par Raphael57

Il ne fait désormais plus aucun doute que l'économie réelle va mal, même si les dirigeants politiques et économiques répètent en cœur le contraire. Les marchés financiers, qui ne croyaient pas non plus à des problèmes économiques durables, semblent avoir révisé leur jugement ces dernières semaines. Entre vie chère, salaires à la traîne et marchés financiers en repli, l’atterrissage économique peut-il dès lors encore se faire en douceur ?

Inflation durablement installée

Lorsque l'on regardait, il y a encore quelques mois, les swaps d'inflations sur les marchés financiers, il apparaissait que les investisseurs croyaient que l'inflation refluerait rapidement. Or, depuis, la situation sur ce front ne cesse d'empirer au sein de la zone euro :

[ Source : Eurostat ]

Et quand bien même l'énergie arrive très largement en tête des composantes de l'inflation dans la zone euro, la hausse des prix se diffuse rapidement aux autres biens et services :

[ Source : Eurostat ]

La récente hystérie collective sur les carburants démontre par l'absurde le risque social majeur que constitue l'inflation. D'où la multiplication des gestes des gouvernements vers les ménages et les entreprises, notamment dans le budget 2023, même si leur coût total est impressionnant par rapport au résultat obtenu. Surtout, il faudra bien à un moment sortir de ce que le gouvernement français appelle "bouclier tarifaire" et alors viendra la douloureuse pour les ménages... Ce d'autant plus que la récession est déjà là !

Croissance en berne

Le pouvoir d'achat dépend bien entendu du niveau des revenus et des prix. Si la hausse des revenus est inférieure à celle des prix, alors le pouvoir d’achat diminue. Et c'est précisément ce que sont en train de vivre les salariés, qui obtiennent des hausses salariales bien moindres que le taux d'inflation. Bref, les ménages sont en train d'y laisser des plumes ! Or, comme la consommation demeure l'un des piliers de la croissance de l'économie française, rien d'étonnant à ce que les prévisions de croissance soient en berne (ici celles du FMI en octobre 2022) :

[ Source : FMI ]

Même la Banque de France, plutôt optimiste en général, a été obligée de se rendre à l'évidence dans ses prévisions de septembre 2022 :

[ Source : Banque de France ]

Notons au passage, que c'est le moment choisi par le gouvernement français pour lancer la (énième) réforme des retraites et de l'assurance chômage, au nom de sa quête pour le plein-emploi qui néglige totalement les questions fondamentales liées à l'emploi (qualité, durée, sens...).

Stagflation

Ainsi, c'est toute l'économie mondiale qui pourrait plonger en récession cependant que l'inflation resterait forte. D'un mot, nous allons vers la stagflation, caractérisée par la stagnation de l’activité économique (donc faible croissance et chômage élevé) et une hausse généralisée des prix ! Paniquées par cette perspective, les Banques centrales ont visiblement fait le choix de privilégier la lutte contre l'inflation au détriment de l'emploi et des salaires. Aux États-Unis, la Fed n'hésite plus à l'affirmer ouvertement, comme si la vie des gens valait au fond peu de chose dans le monde actuel... Le risque est évidemment d'étouffer la croissance et de précipiter l'économie en récession des deux côtés de l'Atlantique, alors même que l'économie mondiale se remet à peine de la crise liée à la covid-19 (est-elle finie du reste ?).

Que va-t-il alors se passer pour la dette des agents privés (ménages et entreprises), qui n'a cessé de croître dans certains pays dont la France ? Et quid de la dette publique au vu des taux souverains ?

[ Source : Reuters ]

En définitive, l'atterrissage risque fort d'être mouvementé, surtout sur le plan social. Mais, bien entendu, aucun politique n'assumera la casse, qui sera justifiée au nom du progrès et des lois de l'économie, entendez au nom d'une idéologie mortifère servant les intérêts d'une minorité...

P.S. L'image de ce billet provient de cet article de L'Union.