Si vous avez été conquis par le concept de Tinder du conseiller financier qu'a déployé Merrill il y a quelques semaines (et surtout si vous travaillez pour une institution américaine), sachez qu'un fournisseur de technologies spécialisé sur le secteur, InvestCloud, propose désormais ce service sous le forme d'une API facile à intégrer.
Comme la filiale de Bank of America, toutes les banques privées et autres établissements de la planète disposant d'une offre patrimoniale persistent à placer la priorité de leur vision de la relation client sur l'excellence de l'accompagnement par le conseiller humain, malgré leurs velléités d'adopter une posture « digitale », incontournable en 2022. C'est pourquoi cette idée de développer un outil en ligne et/ou mobile grâce auquel chacun peut trouver l'interlocuteur « parfait » est certainement appelée à un brillant avenir.
Dans l'incarnation conçue par InvestCloud, à l'occasion d'une collaboration avec un premier client intéressé par cette fonction, à savoir la Huntington National Bank, un acteur régional basé dans l'Ohio, les ingrédients classiques (si j'ose dire) d'une telle approche sont au rendez-vous, sans surprise. L'utilisateur est ainsi d'abord invité à expliciter sa situation financière et ses grands objectifs de vie, ses centres d'intérêts et ses hobbies, ses préférences de communication… Il se voit alors suggérer les profils disponibles les plus proches de ces critères, parmi lesquels il n'a plus qu'à faire son choix.
Sur ces fondations, le produit commercialisé auprès des autres clients d'InvestCloud promet une large flexibilité. Tout d'abord, le questionnaire et les facteurs d'affinité pris en compte peuvent être configurés librement, selon la stratégie de l'entreprise et les qualités qu'elle souhaite mette en avant au sein de ses effectifs. Puis, en aval, l'option « Find My Advisor », installée sur une infrastructure infonuagique, est exposée sous la forme d'une API, de manière à pouvoir l'insérer sans efforts dans n'importe quelle application.
Si, initialement, le principe retenu paraît valide et pertinent, notamment dans la recherche sous-jacente d'un renforcement de l'empathie avec le client, il mériterait tout de même d'être questionné dans une perspective de « digitalisation » des services financiers. Après tout, dans le monde contemporain, est-il réellement utile de chercher à optimiser l'adéquation entre le client et son conseiller (qui, me semble-t-il, n'a jamais émergé comme un problème) ou vaudrait-il mieux consacrer l'essentiel des efforts à décliner l'accompagnement de proximité sur les outils numériques, de plus en plus sollicités ?