BMO louvoie entre carte de crédit et BNPL

Publié le 28 novembre 2022 par Patriceb @cestpasmonidee
La popularité du paiement fractionné continue à susciter de vives réactions de la part des banques, certainement inquiètes de voir leur échapper de la sorte une partie de leur activité traditionnelle. Dernière en date à lancer une contre-offensive, la canadienne BMO choisit d'en intégrer le principe au cœur du fonctionnement de ses cartes de crédit.
Le mérite de l'adossement à un instrument existant est d'éliminer le besoin d'une évaluation et d'une qualification préalable : le porteur est automatiquement éligible à l'option, donc sans incidence supplémentaire sur son score de crédit, dans la limite de son plafond habituel et sous réserve d'avoir adhéré aux services en ligne de la banque, puisque son activation est possible exclusivement dans ses applications web et mobile. Les avantages de la carte, promotions et assurances, sont en outre préservés.
En pratique, il suffit au titulaire de se rendre sur la page de consultation de ses encours, où il peut désormais sélectionner toute transaction de plus de 100 dollars non encore enregistrée dans son relevé périodique – ce qui lui laisse une période de quelques jours pour réflexion – et la convertir en un paiement en 3, 6 ou 12 mensualités, sans intérêt mais avec des frais fixes, qui atteindront au maximum 0,9% du montant total par mois (le coût effectif étant tout de même présenté au moment de l'exécution de l'opération).
Aucune autre action n'est requise, les prélèvements sont réalisés directement sur le compte de l'utilisateur à chaque échéance de la carte de crédit, en sus de ses règlement classiques (dont le minimum exigible devra impérativement être payé, sous peine de perte d'accès au programme). Par ailleurs, s'il change d'avis, il a toujours la possibilité, via la même interface, d'annuler sa décision, auquel cas les sommes non encore remboursées sont simplement portées sur son solde normal (soumis aux intérêts standards).

La fonction « PaiementFuté » de BMO apparaîtra incontestablement comme une bonne nouvelle auprès des consommateurs canadiens (sauf les québécois, qui en sont exclus à ce jour, probablement pour des raisons réglementaires) grâce à la flexibilité qu'elle leur apportera dans le pilotage de leurs finances personnelles, même si cette émulation des solutions de BNPL ne peut véritablement rivaliser avec celles proposées gratuitement par les commerçants (qui en assument alors la charge) sur le point de vente.
Cependant, comme toujours, je m'inquiète de l'absence d'accompagnement dans le recours à des outils finalement relativement complexes et potentiellement dangereux, ma préoccupation concernant ici simultanément la carte de crédit et le paiement fractionné. Sans guide ni aucune recommandation, le client est laissé seul face à des facilités de trésorerie attractives dont il ne maîtrise malheureusement pas toujours (voire rarement ?) les engagements qu'ils impliquent et les conséquences pour l'avenir de son budget.
Je persiste à rêver d'une plate-forme responsable qui mettrait ces produits, au demeurant extrêmement utiles quand ils sont exploités à bon escient, à la disposition de chaque personne par l'intermédiaire d'un assistant intelligent capable de prodiguer des conseils d'usage pertinents en fonction de sa situation, de son contexte et de ses besoins.