Rýtingur hotel est une anthologie, c'est-à-dire, en l'occurrence un recueil de textes écrits sous la même contrainte: Deux jumeaux, qui ont célébré ou vont célébrer leurs dix-huit ans en 2021, sont les seuls rescapés de l'incendie de la maison familiale, où leurs deux parents ont péri, alors qu'ils avaient deux ans; ils ont été recueillis par un ou deux proches parents; une arme insolite, une dague celtique, rýtingur en islandais, est le seul objet qui ait été retrouvé dans les décombres et qui est la clé de l'histoire.
Dans Unian de Stéphanie Glassey, les jumeaux s'appellent Corentin et Tristan. Ils décident de fêter leur dix-huitième anniversaire en Bretagne, terre celte par excellence. Quand ils arrivent à Fougères, ils apprennent que tous les hôtels alentour sont complets et tentent leur chance auprès d'un gîte, qui s'appelle Rýtingur... La jeune femme, qui le tient, accepte de les héberger. Tandis que Tristan prend une douche, Corentin s'apprête à dormir quand, dans le lit, sa main rencontre la dague disparue...
Dans Elysia de Fabrice Pittet, les jumeaux s'appellent Iris et Nathan, une fille et un garçon. Pour leurs dix-huit ans, ils se rendent en train en Alsace. À l'hôtel ils ont la visite d'un animal, un wallaby, assis sur le bord de leur fenêtre. L'animal, après leur avoir révélé qu'ils ont été sauvés de l'incendie par un dragon, sort de sa poche ventrale la dague, qui se trouve, en principe, dans un musée. Ils doivent à leur tour sauver le monde d'Elysia après avoir traversé le Voile qui sépare leur monde et l'autre.
Dans QAAL d'Estelle Tolliac, les jumeaux s'appellent Adrien et Alexis. Avant de regagner Grenoble par la route, où les attendent leur tante et leur oncle, ils font halte à Périgron dans le modeste hôtel Rýtingur. Alors qu'ils dorment, Adrien pousse un hurlement et montre à son frère les quatre lettres, marquées au fer rouge sur son bras, qui forment le mot QAAL. Ils aperçoivent alors la dague sur la table de chevet entre leurs deux lits, avant qu'une jeune femme, venue d'un autre espace-temps ne les visite.
Dans La Dague d'Alkovinos d'Olivier May, les jumeaux s'appellent Larth et Sapsuta, un garçon et une fille. Ils sont plus que frère et soeur: ils sont amants. Le jour de leurs dix-huit ans, leurs grands-parents leur remettent des documents et des photos maintenant qu'ils sont à même d'affronter certaines révélations. Sur une des pièces se trouve le nom d'un chanoine de l'Hospice du Simplon. Ils lui rendent visite. Là ils apprennent le secret de leur origine, à la faveur d'une transe provoquée par la vue de la dague.
Dans Rýtingur hotel, les jumeaux s'appellent Gaël et Erwan. Ce dernier, pour leurs dix-huit ans, veut se rendre, comme en pèlerinage, à la demeure familiale incendiée, pour savoir s'il s'agit ou non d'un acte criminel. Réticent, Gaël l'accompagne tout de même à l'hôtel Rýtingur qui se trouve à proximité. Dans la salle de bains de leur chambre, ils découvrent la dague... et, dans la propriété, grâce à un souvenir de Gaël, un lieu inédit, où ils font une rencontre qui bouleverse le destin d'Erwan.
Cette anthologie rassemble cinq styles littéraires, cinq rythmes, comme le dit Laurence Malè, l'éditrice, dans sa préface. C'est cette diversité qui ne peut que combler du plaisir de lire l'amateur de mystère et de magie. Car chacun des auteurs, à partir des quelques éléments de récit en commun et de ses propres centres d'intérêt, raconte une histoire tout à la fois contemporaine et d'un autre temps, où son imagination personnelle fait la différence sans que cela nuise pour autant à l'unité de l'ouvrage.
Francis Richard
Rýtingur hotel, - Stéphanie Glassey, Fabrice Pittet, Estelle Tolliac, Olivier May et Marie-Christine Horn, 176 pages, Okama