Ou Xiari nuan yangyang, c’est d’abord le titre d’un film de Ning Ying qui a obtenu le Don Quixote Award en 2001 et qui raconte les tribulations d’un chauffeur de taxi amoureux, très amoureux …
Mais un taxi à Pékin, c’est surtout un doux euphémisme, parce que des taxis il y en a 70000 à Pékin.
Septante mille taxis ! C’est comme si toute la ville de St-Gall n’était peuplée que de chauffeurs de taxis. Pour un membre du Conseil intercommunal des taxis de la région lausannoise qui compte, en tout et pour tout, 250 «taxis gris», cela laisse songeur.
Notons tout de même au passage que la ville de Pékin, qui compte donc 70000 taxis pour 12 millions d’habitants, dispose d’un taxi pour 170 habitants. La région lausannoise qui dispose de son côté de 250 taxis pour environ 275 mille habitants ne dispose que d’un taxi pour 1100 habitants. Il faut cependant reconnaître que le taux de motorisation est, pour l’instant, beaucoup plus important à Lausanne qu’à Pékin.
Évidemment, quand une ville de cette taille possède un tel nombre de taxis, on est pratiquement face à une société dans la société. Une société qui doit avoir beaucoup à dire, à raconter.
Voici quelques éléments à propos des taxis pékinois glanés ici et là.
Première anecdote, pour toute la durée des JO, les chauffeurs de taxis auront l’interdiction d’avoir le crâne rasé ou de porter la barbe. Quant aux femmes, elles n’auront pas le droit d’arborer des coupes de cheveux «trop extravagantes». Question d’image paraît-il …
Par contre, toujours pour la bonne image, les taximen ont été priés de revêtir l’uniforme pour cette grande occasion olympique : chemise jaune, cravate rayée et pantalon bleu. Et peu importe la chaleur. Les récalcitrants, même par 40°C et 80% d’humidité, devront s’acquitter de la «modique» somme de 200-500 yuans (20-50 euros) en guise d’amende.
Catherine Mercier, journaliste de Radio-Canada envoyée à Pékin, nous apprend que d’autres directives encore plus strictes s’appliquent. Pendant le grand branle-bas olympique, les chauffeurs auront l’interdiction de manger dans leurs véhicules, même s’ils y passent 14 heures par jour, et auront l’obligation de se brosser les dents après avoir mangé de l’ail.
Pour permettre à leurs chauffeurs de communiquer facilement avec les amateurs de sport du monde entier qui vont déferler sur la ville chinoise, il semblerait que les centres de contrôle des taxis aient décidé d’utiliser les fonctions linguistiques des GPS. Mais toute cette électronique embarquée aurait aussi pour but de mettre sur écoute les passagers.
À vrai dire, mieux vaut être sur la bonne longueur d’onde avec les chauffeurs pékinois, car comme le rapporte Annie Poulin, une stagiaire journaliste québécoise : «À Pékin, le chauffeur demande au client s’il est capable de lui expliquer le chemin. Si le client doute, c’est fini… dehors ! Et j’exagère à peine.»
Au fait, je ne saurais terminer ce billet sans souligner qu’il y avait plusieurs modèles de taxis pékinois : le Xiali qui est petit et rouge, le Fukang qui est une Citroën ZX et les «taxis noirs» appelés ainsi car ils sont illégaux. Il est bien clair que, pour cause de Jeux, ces anciens modèles ont été condamnés pour être remplacés par de rutilitantes Hyundai Sonata sud-coréennes mais fabriquées à Pékin.
Les taxis pékinois constituent tout un monde que le Syndic de Lausanne n’aura pas, ou peu, eu l’occasion de fréquenter. Voiture mise à disposition par le CIO oblige. Dommage pour lui.