Marie-Antoinette (Saison 1, 8 épisodes) : des enfants à tout prix

Avec Marie-Antoinette, Canal+ veut réinvestir la monarchie française après les trois saisons de Versailles (de 2015 à 2018). La créatrice de Marie-Antoinette à qui l'on doit l'excellent La Favorite de Yorgos Lanthimos, nous offre alors l'histoire d'une femme rebelle et féministe. Alors que tout le monde à la cour attend qu'elle offre une descente à Louis XVI, Marie-Antoinette se veut différente. Tout commence par la façon dont elle est jetée en pâture à la cour française alors qu'elle ne voulait pas quitter l'Autriche, tout cela dans le but de conserver la relation entre les deux pays. C'est terrifiant de voir la façon dont la femme était exploitée à l'époque, même dans la plus haute bourgeoisie. Marie-Antoinette revient donc sur toutes les années que la Reine a passé au royaume de France avant d'enfin accoucher d'un héritier au trône. Il y a toujours quelque chose de fascinant chez cette femme que les français ont pu aduler et détester. Elle reste l'un des emblèmes de notre monarchie.

L'enjeu de ces huit épisodes est donc de concevoir un enfant, quelque chose de compliqué qui n'a pas été du goût de tout le monde. Il faut dire qu'à leurs jeunes âges, Marie-Antoinette et Louis XVI ne sont pas très au fait des relations sexuelles et la façon dont celles-ci fonctionnent. C'est d'ailleurs pour cela que le premier enfant arrivera très tardivement après leur mariage. Mais le but de Marie-Antoinette à travers le scénario de Deborah Davis est de parler de ce mariage dysfonctionnel et de la façon dont les relations forcées sont souvent les plus problématiques. Si Louis n'arrive pas à accomplir son devoir non plus, tout repose ici sur Marie-Antoinette. C'est elle qui se prend la horde de critiques alors que Louis XVI est pour tout le monde irréprochable. Marie-Antoinette est alors humiliée pour sa virginité. Le tout publiquement bien sûr. Emilia Schüle, jeune actrice allemande, incarne une Marie-Antoinette parfaite de bout en bout. Elle apporte de vraies nuances au scénario de Deborah Davis et offre aux spectateurs une femme fragile mais qui n'a pas froid aux yeux non plus.

L'actrice fait ainsi évoluer le personnage au fil des épisodes en lui offrant de plus en plus d'assurance. Notamment à travers le sens aiguisé de la jeune femme pour la mode. Dommage d'ailleurs que Marie-Antoinette se repose parfois sur un schéma répétitif et n'offre pas cette partie de la vie de la Reine à l'écran. Les costumes sont somptueux, les décors de Versailles aussi. Cela nous permet de replonger dans une époque que personne encore en vie n'a vécu avec une véritable passion. Après Versailles, il ne pouvait y avoir de doute quant à la capacité de Canal+ à produire une série d'époque magnifique. Lorsque Marie-Antoinette devient officiellement Reine, elle peut alors prendre des décisions et cette émancipation va lui valoir quelques railleries en plus. Mais tout le monde attend un enfant et c'est là où justement Marie-Antoinette commence enfin à dévoiler son jeu.

Une fois l'émancipation gagnée, elle est freinée par ce devoir qu'elle doit au peuple français et à la monarchie en général. La pression est constante mais la série veut garder son côté aérien, rendant certains moments plus légers face à une histoire terrible. En donnant plus de voix aux femmes, Marie-Antoinette se veut donc engagée et moderne tout en restant fidèle à l'histoire telle que l'on peut nous la conter dans des romans de l'époque. La richesse de cette série est assez bien mise en valeur ce qui offre huit épisodes somptueux et bien qu'un brin ennuyeux et répétitif au milieu, garde tout de même assez de vitalité pour se conclure en réussite. Dommage que la mécanique de la série se reposant uniquement sur savoir si oui ou non Marie-Antoinette et Louis XVI vont coucher ensemble une bonne fois pour toute car cela créé des épisodes répétitifs et pas toujours aussi palpitants que si Marie-Antoinette avait réussi à faire des digressions.

Note : 6/10. En bref, une série somptueux qui laisse tout de même un arrière goût à cause d'un côté répétitif dans sa narration. Mais l'émancipation de Marie-Antoinette, son côté rebelle et féministe, permettent malgré tout d'engager un récit plutôt plaisant à suivre.

Disponible sur myCanal