Elle me disait je t'aime dans une langue qu'elle avait inventée juste pour nous, avec des verbes sans conditionnel ni impératif, des vocables de lumière et des conjonctions de tendresse. Nous savourions le nectar des mots qui fermentait dans les oasis de nos bouches, prêts à fuguer bien au-delà des îles de la nuit. Elle est disparue sans mot dire, un matin de page blanche, m'abandonnant au hasard d'une solitude chargée de silences. Des fruits pourris plein la poitrine, je pleure encore les enfants au destin avorté que nous n'aurons jamais eu le bonheur de mal aimer.