Critique Ciné : Armageddon Time (2022)

Publié le 23 novembre 2022 par Delromainzika @cabreakingnews

Armageddon Time // De James Gray. Avec Anne Hathaway, Jeremy Strong et Banks Repeta.

On n'avait pas vu James Gray depuis Ad Astra (avec Brad Pitt) mais avec Armageddon Time il revient à ses premiers amours, ceux qui nous ont fait découvrir le réalisateur (The Immigrant, Two Lovers ou encore La Nuit Nous Appartient). J'ai toujours aimé sa façon de raconter des histoires avec une multitude de personnages aux personnalités différentes. On retrouve donc avec Armageddon Time toutes les thématiques que le réalisateur et scénariste adore aborder et la mise en scène ne change pas de ses premiers amours de cinéma mais il y a quelque chose de mélancolique et fort dans ce récit qui se déguste avec grand plaisir de bout en bout. James Gray parvient même à rester sur la retenue émotionnelle dans ce film, loin de certaines envolées lyriques de ses précédentes oeuvres. Un peu comme d'autres réalisateurs avant lui, James Gray revient ici sur deux mois de son enfance, voulant lutter contre l'injustice. Il y a un vrai propos dans Armageddon Time qui se ressent du début à la fin et qui parvient à donner au film une allure différente de celle que j'avais imaginé dans la bande annonce.

L'histoire très personnelle du passage à l'âge adulte d'un garçon du Queens dans les années 80, de la force de la famille et de la quête générationnelle du rêve américain.

Armageddon Time a tout de même quelques défauts. Notamment avec son scénario. Il n'est pas aussi finaud que ses précédentes oeuvres, laissant par moment entrer les gros sabots. Dommage car cela empêche aussi à certains moments de réellement éclore à la caméra. L'autobiographie n'est pas ce qu'il y a de plus simple mais James Gray se lance dans cet exercice et se casse parfois les dents sur le trottoir. Mais l'ambiance des années 80, du Queens et ce casting cinq étoiles permettent de garder la tête haute et de laisser couler ces petits moments de flottement pas toujours réussis. Paul est donc un jeune garçon malheureux, passionné de dessin, mais dans une famille juive sans le sou, sans réussite sociale et persécuté comme d'autres familles juives à l'époque. L'ambiance du Queens telle que James Gray la montre à l'écran est loin de son côté chaleureux. C'est ici assez froid, austère et même ennuyeux mais tout cela est fait pour le bien du film. Paul se lie alors d'amitié avec Johnny, un garçon sympathique assez agressif envers leur professeur.

La relation entre les deux garçons permet à Armageddon Time de réellement s'envoler et de délivrer quelque chose de palpitant. On se laisse porter par le récit de bout en bout sans réellement en décrocher. Il y a énormément de bonnes idées comme d'autres qui sont bien plus mauvaises mais Armageddon Time arrive tout de même à trouver un joli équilibre. James Gray se raconte, se livre, avec peut-être trop de retenue par rapport à ce que l'on a envie d'attendre de ce réalisateur. Mais la sobriété émotionnelle n'est pas forcément une mauvaise chose non plus. Sans parler de la photo de Darius Khondji, éblouissante, qui permet d'offrir à l'écran un bel écrin.

Note : 7/10. En bref, James Gray se raconte dans un film plus intime que les précédents. Ce n'est pas exempt de défauts mais c'est touchant et réussi dans son ensemble.

Sorti le 9 novembre 2022 au cinéma