Dans son principe, le « Flex Loan » se présente d'abord comme un produit moderne, conçu pour notre monde « digitalisé » de 2022. Mis spontanément à la disposition de tous les clients éligibles, il propose à ceux-ci d'obtenir en un geste un prêt de 250 ou 500 dollars, versé en quelques secondes sur leur compte courant et prêt à dépenser, sans aucune autre procédure de qualification, pour un prix fixe et sans surprises de 12 ou 20 dollars, respectivement, et remboursable en quatre échéances mensuelles.
Si, selon certains observateurs, il s'agit pour la banque de prendre position face aux requins de l'avance sur salaire, je ne pense pas que cette cible, aussi légitime et louable soit-elle, constitue sa priorité, ne serait-ce que parce que ces solutions s'adressent surtout aux travailleurs non bancarisés. En revanche, le format et les caractéristiques du « Flex Loan » pointent très directement vers les désormais innombrables options de paiement fractionné (BNPL), à la popularité toujours croissante… et parfois inquiétante.
Naturellement, la conjoncture est particulièrement favorable à ce lancement. La hausse des prix entraîne des difficultés croissantes chez les consommateurs à faire face à leurs dépenses courantes, à tel point que, justement, ils recourent de plus en plus aux plates-formes de BNPL pour combler le déficit de leur budget, alors qu'elles étaient initialement dédiées à des achats spécifiques, relativement coûteux. Or, il se trouve que leur avantage majeur par rapport au prêt bancaire, à savoir l'accès immédiat et transparent au financement sur le point de vente, disparaît dans ces circonstances.
Cependant, la menace de ces trublions n'est pas la seule motivation des banques pour développer un autre modèle. Leur abandon progressif, sous pression externe, des frais de découvert les contraint à imaginer des approches alternatives afin de compenser le manque à gagner (considérable). Dans cette perspective, ouvrir à une majorité de clients, quasi automatiquement, une sorte de ligne de crédit, assortie de conditions séduisantes, représente certainement une opportunité de regagner une partie du terrain perdu.
En conclusion, il paraît regrettable que la modernisation des parcours d'emprunt ne soit engagée par les acteurs traditionnels que quand ils y sont acculés par la concurrence, donc en adoptant, sans vraiment réfléchir, une posture focalisée sur leur intérêt propre et non celui de leurs clients. On pourrait bien sûr arguer que ces derniers finissent par bénéficier des progrès accomplis. Hélas, il subsistera toujours le risque que le résultat ne soit pas parfaitement aligné avec leurs besoins, ce qui, dans le cas du crédit à court terme, peut rapidement s'avérer catastrophique pour leur santé financière.