Spoilers...
C'est reparti pour un petit peu de Roland Emmerich, je pense que vous devez en avoir marre, mais il m'en reste deux à aborder et ensuite, c'est fini. Après avoir abordé un film que j'estime personnellement être son meilleur (Le Jour D'Après, de 2004), voici un film très différent de ce qu'Emmerich avait l'habitude de proposer comme productions, et qui s'avère être son film précédent. Lui qui avait alors l'habitude des blockbusters de SF/catastrophe (et il en fera d'autres), pas toujours très fins et réussis (Godzilla...qui était, au moment de la sortie du film que j'aborde aujourd'hui, son film précédent), nous offre ici un film historique. Ainsi qu'un film de guerre (il est en train d'en faire un autre, Midway, qui sortira en fin d'année, sur la Seconde Guerre Mondiale). Ainsi qu'un drame, aussi. Ce film, qui s'inspire de personnages réels (mais renommés ici), et qui bénéficie d'un scénario de Robert Il Faut Sauver Le Soldat Ryan Rodat, c'est The Patriot : Le Chemin De La Liberté, sorti en 2000. Le film est interprété par Mel Gibson, Heath Ledger, Jason Isaacs, Tchéky Karyo, Chris Cooper, René Auberjonois, Joely Richardson, Lisa Brenner, Tom Wilkinson, Adam Baldwin et Donal Logue. Il nous offre la bagatelle de 165 minutes (175 minutes sur le DVD et Blu-ray qui propose une version director's cut) se situant aux USA durant la guerre d'indépendance, au XVIIIème siècle.
L'action de ce film se passe en effet en 1776, en Caroline du Sud, un Etat d'Amérique sous domination britannique, c'est le général lord Cornwallis (Tom Wilkinson) qui dirige le pays pour le roi George. Mais depuis plusieurs années, la tension fait rage entre les Britanniques et les locaux, qui aspirent à l'indépendance. Alors que la guerre est déclarée contre les Anglais, Benjamin Martin (Mel Gibson), un héros de la guerre contre les Français (plusieurs années auparavant), membre du conseil de ville, décide de ne pas voter pour le conflit et de ne pas s'engager. Il en a marre de la guerre, ne veut plus faire ou voir couler le sang. Parmi ses enfants (il en a sept, orphelins de leur mère, décédée quelques années plus tôt), l'aîné, Gabriel (Heath Ledger), veut, lui, s'engager, et le fait, contre l'avis de son père qu'il trouve lâche. Un jour, blessé (pas trop gravement), Gabriel rentre à la plantation familiale pour y être soigné et se reposer quelques temps avant de repartir au combat.
Peu après, les troupes britanniques, menées par le colonel Tavington (Jason Isaacs), investissent la plantation et s'en prennent à la famille de Benjamin, tuant un de ses fils, capturant Gabriel dans l'intention de le pendre, et incendiant la maison. Fou de rage, Benjamin reprend les armes, décimant, avec deux de ses enfants (garçons et d'âge pour se battre) le bataillon ayant capturé Gabriel pour le libérer (au grand dam de Benjamin, Tavington n'est pas présent) et organisant la révolte en recrutant, pour son armée de rebelles, des volontaires. Parmi eux, son fils Gabriel, plusieurs anciens congénères de l'ancienne guerre, et un Français, le major Villeneuve (Tchéky Karyo), présent en avant-poste avant l'arrivée des hommes de Lafayette...
Bien que long de presque 3 heures, The Patriot n'est pas ennuyeux. On a certes un ou deux passages un peu creux, mais pas plus que dans un autre film de cette durée. La réalisation de Roland Emmerich est solide, les scènes de bataille sont impressionnantes, assez sanglantes également (un soldat se fait arracher la tête par un boulet de canon, quasiment au premier plan, entre autres joyeusetés, et dans une scène, Mel Gibson ravage à coup de tomahawk le visage d'un Anglais, hors-champ, mais le sang gicle bien comme il faut ; et sur le blu-ray, il est indiqué 'tous publics' sur fond vert, à n'y rien comprendre). Le film est une bonne reconstitution de l'Amérique du XVIIIème siècle (c'est peut-être un détail, mais le drapeau utilisé dans le film, comme sur la photo ci-dessous, est le bon, celui de l'Amérique pas encore totalement formée), et il est excellemment bien interprété par de très bons acteurs. Mel Gibson est convaincant en ancien guerrier reconverti en brave père de famille pacifique obligé de se battre à nouveau par amour de ses enfants et pour en venger un. Jason Isaacs, connu essentiellement pour avoir joué Lucius Malefoy dans les Harry Potter, campe ici un méchant anthologique, une authentique pourriture qu'on a immédiatement envie de voir crever lentement, très lentement, très salement, très douloureusement, genre égorgement à la petite cuillère à café en plastique de chez McDo ou empalement sur une batte de base-ball imprégnée de piment d'espelette et de gros sel. Le regretté Heath Ledger, quasiment révélé par ce film, n'est pas dans son meilleur rôle, mais il est tout de même franchement excellent.
The Patriot, pour Emmerich, c'est un peu un film à part. Le mec qui, avant ça, était connu pour ses blockbusters décérébrés (Independence Day, Godzilla, Universal Soldier) livre ici un fim plus sérieux, plus structuré, moins rentre-dedans, une vaste fresque historique (même si Emmerich a pris des libertés avec la réalité des faits, selon pas mal de spécialistes). Je ne suis pas spécialiste de l'Histoire des USA de cette époque, et je me doute bien que ce n'est pas super réaliste - on parle d'Emmerich, pas de Kubrick ou de Spielberg - mais durant les presque 3 heures du film, je ne me suis pas ennuyé et j'ai trouvé le résultat vraiment plaisant, un bon divertissement (qui, commercialement parlant, marchera bien, mais pas aussi bien qu'espéré, ça ne sera pas un bide, le film a été tout juste rentable), un film qui est presque le meilleur du réalisateur, et qui, à sa sortie, l'était très clairement. Bref, franchement, bien que ça ne soit pas un chef d'oeuvre (loin de là), c'est vraiment un très bon film, à (re)découvrir.