Dans le cadre de mon travail, je réfléchis à l'entreprise de demain...que dis-je "demain", de tout à l'heure. De quoi les jeunes (et les moins jeunes) ont envie dans l'entreprise? En quoi le numérique modifie-t'il notre rapport au travail, rien que par notre présence ou non sur le lieu de travail...On constate aussi que le monde change vite alors on demande aux collaborateurs d'être "agiles" et "audacieux" pour être "réactifs". Des mots dans toutes les bouches, des affiches sur les murs, des programmes de formation pour être toujours "plus". Et puis on parle d'innovation managériale, apprendre à nos managers à se défaire du modèle hiérarchique, de contrôle...leur dire que leurs collaborateurs sont des adultes à qui il faut faire confiance...ironique quand on y pense...
Mais j'adore ce sujet, sûrement parce qu'en réalité il me concerne énormément. De quoi ai-je envie approchant la quarantaine? Marre de ne pas pouvoir prendre des décisions sans en référer au N+1, N+2..sentir qu'il y a des choses qui bougent, avoir des projets fabuleux aussi, s'amuser, prendre des initiatives...tout ça oui c'est mon quotidien mais parfois se pose la question : et demain? Je fais quoi? Dans cette entreprise ou pas en entreprise?
Alors aujourd'hui je me suis souvenue que j'avais acheté un livre il y a 2 ans maintenant "L'avenir à portée de main". Ce qui m'avait motivé ? Le thème "l'entrepreneuriat". Et puis je l'ai ouvert pour me nourrir dans le cadre de mon travail et j'ai été surprise, émue de la tonalité que l'auteur a adoptée. Je m'attendais à trouver des conseils type conférence sur pourquoi l'auteur a décidé d'être entrepreneur...du tout...en quelques lignes on rentre dans son intimité, son ressenti, et surtout il s'agit presque d'une lettre d'amour et d'ouverture à la jeune génération.
Cette génération à qui il dit "tu", qu'il rencontre au cours de ses conférences, dans les écoles, dans les bars, à la télévision, chez lui...Cette génération l'auteur a envie de lui donner sa sagesse, ses croyances sur le fait que oui ils vont y arriver, l'avenir est devant eux et ils peuvent réaliser leurs rêves. L'auteur se confronte à leur différence d'âge, leur rapport au temps, leur vision du monde du travail, leur désespoir et leur envie d'ailleurs.
J'ai adoré ce texte, l'écriture est subtile, touchante, pleine de bienveillance mais aussi d'énergie positive à transmettre aux jeunes. Ode à l'essai, ode à la vie qui s'ouvre quand on est jeune, ode aux échecs aussi, ode à la diversité, ce petit manifeste donne envie de se (re)poser des questions, de réaliser ses envies, d'entreprendre dans sa vie en entreprise ou ailleurs et rappelle à quel point la France est aussi un merveilleux pays.
"(..) J’ai cinquante ans, tout juste. Déjà...à peine.(...) Je m'habitue à mes nouvelles compagnes: la fatigue qui, certains matins, dépose son manteau sur mes épaules; la maladie qui ne m'ignore plus, qui rôde autour de mes proches. Par moments, elle m'adresse un signe discret, rien de grave, juste une petite veilleuse logée dans un coin de mon paysage.
"Pars et profite du monde si grand ouvert. Adapte-toi à son accélération, arme-toi surtout contre sa brutalité. Nous n'avons plus les mots pour te retenir. (..) Pars pour trouver l'envie de revenir."
"Mes parents désiraient la France. C'était hier. Tout aurait-il changé à ce point en quelques décennies? Voilà aussi ce que je voulais te dire...Ce pays qui provoque le rêve, qui peut t'offrir les moyens de tes ambitions : tu y vis."
"Des enfants gâtés, voilà ce que nous sommes devenus. De nos succès, nous aurions pu tirer quelque fierté. De nos différences composer de jolis bouquets. Des mutations ouvrir des perspectives.
Devant le succès nous avons soupçonné. Devant les différences, nous avons opposé. Devant les mutations, nous avons tremblé."
"L'erreur, que l'école rend honteuse, est pourtant la condition du mouvement. Revendique-la, nourris-t ‘en."
"Je gagne mon temps, je le libère".