Tu avais été plutôt séduite par ta lecture du Facteur émotif, qui vient tout juste de sortir en format poche... sous une belle couverture jaune (voir ci-dessous), tu as donc été tentée de lire cette suite, qui en réalité n'en est pas vraiment une... Effectivement, dans le premier opus de Denis Theriault, si nous suivions principalement les tribulations de Bilodo, facteur de son état, il s'agit là de retracer exactement la même histoire, mais du point de vue de Tania, son amoureuse transie... Alors, quelle est donc cette histoire ? Bilodo est un facteur rigoureux, qui a pour seul vice de prélever de temps en temps quelques lettres personnelles pour les ouvrir le soir chez lui à la vapeur et les lire dans le secret de son appartement. Les lettres sont remises au courrier dès le lendemain et personne ne peut se rendre compte de cette indélicatesse. Bilodo aime particulièrement lire les missives de Guadeloupe d'une certaine Ségolène. Elle rédige de brefs haïkus pour un poète solitaire, un certain Gaston Grandpré, que Bilodo a aperçu une ou deux fois, un barbu excentrique, toujours vêtu d'un kimono rouge. Mais ce dernier décède subitement lors d'un accident, et Bilodo redoute la fin des lettres de Ségolène. Prendre la place de Grandpré dans cette correspondance apparaît très vite comme LA solution. Cependant, Bilodo doit apprendre à rédiger des haïkus crédibles, et s'attribuer la personnalité et la vie de Grandpré est en passe d'aller un peu trop loin... Tania est donc là, la serveuse du restaurant où les facteurs déjeunent chaque jour, qui surveille, aime en secret le jeune homme et fera tout pour attirer son attention et l'éloigner de Ségolène. Mais manipuler les sentiments de quelqu'un par amour ne donne pas toujours des résultats satisfaisants, Tania va l'apprendre à ses dépends, quand les situations se compliquent et l'assemblage de ses mensonges devient de plus en plus difficile à tenir... Tu n'avais plus tellement de souvenirs de ta lecture du premier opus, deux années sont passées par là, seulement un sentiment poétique qui perdurait depuis. La fiancée du facteur est du même acabit, poétique, douloureusement amoureux et prenant. Il n'est pas nécessaire d'avoir lu Le facteur émotif pour apprécier cette lecture, et se laisser porter par la poésie des haïkus, l'émoi qu'engendre les amours non réciproques... mais tu regrettes sans doute un peu d'avoir eu le sentiment d'un plat que l'on te ressert, dans une assiette différente. Malgré ce bémol, voici un bien joli moment de lecture, léger, à emporter sur la plage par exemple.
Editions Anne Carrière - avril 2017
Editions du livre de poche - mai 2017