Avant toutes choses, il faut lever les ambiguïtés : je suis favorable à la vaccination, je pense même qu'il s'agit là du meilleur moyen de sortir de cette épidémie, et je crois fermement que se vacciner aujourd'hui est avant tout un acte de civisme et de solidarité.
Ceci étant posé, il faut bien revenir sur les annonces du président de la République et commencer là aussi par lever un malentendu important volontairement entretenu par Emmanuel Macron : la vaccination sera bien obligatoire pour l'ensemble des Français, et pas seulement pour les soignants comme cela est indûment annoncé. Comment appeler ça autrement quand pour aller au restaurant, au cinéma, faire du sport, prendre le train, l'avion, faire ses courses, bref pour la plupart des actes de la vie, il faudra un pass sanitaire (donc être vacciné) ou un test PCR qui deviendra très vite payant (très cher on suppose) ?
Bref, dans une démocratie avancée supposée fonctionner sur le dialogue et le consentement, c'est de façon unilatérale, solitaire et autoritaire que le Président a encore décidé. Unilatérale car si des textes seront bien votés au Parlement, ils le seront devant une assemblée composée majoritairement de députés godillots qui avalisent béatement les désirs et volontés du suzerain. Solitaire car s'il y avait un consensus qui se dessinait sur l'obligation vaccinale des soignants, le reste est sorti comme par magie du chapeau jupitérien sans que cela ne soit évoqué ni au Parlement ni au Conseil des ministres. Autoritaire enfin, car c'est bien de sanctions que sont menacés les contrevenants, c'est encore la police qui sera envoyée au front pour faire appliquer des règles que beaucoup ne comprennent pas, ce qui amène à la plus grande des absurdités : ce sont des policiers qui n'ont pas l'obligation vaccinale qui seront amenés à vérifier que les gens qui fréquentent les lieux publics sont bien vaccinés.
C'est encore et toujours la même variable qui préside aux décisions présidentielles : l'économie. C'est parce qu'il a peur que la remontée inexorable des cas de coronavirus, en lien avec le variant Delta, ne vienne contrecarrer la reprise économique qui se dessine, qu'Emmanuel Macron agit dans la précipitation. En faisant ainsi, certes il relance la vaccination, mais il crée deux catégories de Français, les vaccinés et les autres, et prend le risque de les opposer frontalement et de fracturer la société si par malheur à l'automne nous devions être contraints à reconfiner. C'est une faute professionnelle pour celui dont le rôle consiste à garantir l'unité des Français. C'est d'autant plus absurde que l'OMS qui soutient la vaccination est opposée à l'obligation vaccinale.
Macron piétine les libertés fondamentales, se soumet entièrement à l'autel de la croissance et met la France sous tension. Le 12 juillet 2021, la France est sortie un peu plus de la démocratie !