Ma passion pour les BD perdure plus que jamais. Ma collection dépasse maintenant largement les 1000 unités. Beau-papa a turbiné à fond dans son atelier pour me construire deux nouveaux meubles à étagères. Mais ils sont déjà pleins comme un oeuf. Et une pile posée au sol de volumes SDF commence à prendre sacrément de la hauteur.
N'empêche que, je n'ai pas laissé passer le mois de la BD en février. Comme tous les ans, le site PriceMinister offrait à des bloggeurs (dont je fais partie, yep !) une BD au choix parmi la Sélection Officielle du Festival D’Angoulême.
Mon choix cette année, pour faire cette critique, s'est porté sur :
S'enfuir - Récit d'un otage
Guy Delisle
Dargaud
Je ne prenais pas trop de risque avec ce choix, Guy Delisle est un auteur de BD que j'aime beaucoup.
Canadien à la base, il a bourlingué (et pas qu'en simple touriste, il y a vraiment vécu) à Pyongyang, à Shenzhen, en Birmanie et à Jérusalem. Il en est revenu avec des récits de voyage où il se met en images avec une fraicheur et une naïveté délectables. C'est aussi un papa qui ne se prend pas trop le chou avec les grands principes d'éducation : "Le guide du mauvais père" tome 1, tome 2 et tome 3, est une série jouissive à faire hurler d'horreur toute mère un tant soit peu soucieuse du bien être psychologique de ses marmots (et c'est justement pour ça que c'est si bon).
Pour "S'enfuir - Récit d'un otage", Guy Delisle n'est plus le fil conducteur du récit. Et heureusement pour lui. Car le héros malgré lui est un gars qui s'occupait des finances et de l'administration d'une équipe de Médecin Sans Frontières et qui, lors de sa première mission humanitaire (pas de bol), est kidnappé. Cela ne faisait que 3 mois qu'il travaillait en Ingouchie (où ça ? - mais si voyons, une petite république de Russie, à l'ouest de le Tchétchénie quoi... inculte, pfff).
C'est un gros pavé de plus de 400 pages où pendant la majorité du bouquin il ne se passe pas grand-chose. Et là où c'est sacrément bien foutu, c'est que c'est malgré tout captivant (sans mauvais jeu de mots, enfin un peu si tout de même). Cent onze jours de détention pour Christophe André, otage d'il ne sait pas qui pour il ne sait pas quelle cause, sans savoir pour combien de temps et en n'ayant rien à faire de ses journées. Le moindre petit quelque chose devient un événement marquant de la journée, que ce soit la pause pipi, un bruit étrange, un carré de lumière venant d'une petite fenêtre et qui se déplace sur le mur, un geôlier qui apporte une chemise ou un autre qui offre (pourquoi ?) un verre de vodka. Tout prend de l'importance, tempête dans un crâne qui n'a rien d'autre à se mettre sous les neurones. Et toujours l'espoir déçu d'être libéré sous peu.
Alors, s'en sortira ou ne s'en sortira pas ? Suspense. Tout est vrai, cueillit à la source, c'est à dire auprès du principal intéressé, et dessiné par Guy Delisle presque 20 ans après les faits. Puisque le malheureux a pu raconter son aventure, forcément on sait qu'il y aura évasion ou libération réussie. Mais cela n'enlève rien à la tension ressentie par le lecteur à force d'empathie gonflée à bloc. Impossible de rester insensible à ce récit.