Cela va faire 19 ans cette année que j'accompagne des personnes avec la sophrologie. Celles et ceux qui viennent me voir traversent parfois un moment tendu, qu'ils ont choisi ou non, à des degrés variables de gravité - ou même de bonheur : stress, surcharge de travail, promotion professionnelle, restructuration de leur entreprise, déménagement, création d'un couple, harcèlement, attente d'un enfant, maladie, rupture, reconversion, séparation, trahison, deuil...
La confiance qu'ils m'accordent est précieuse, mais il est fréquent qu'ils idéalisent l'aide que je peux leur apporter. D'une part parce qu'ils pensent que je dispose d'une baguette magique, d'autre part parce qu'ils me voient comme une personne "à part", comme une sorte de super-modèle : raisonnable, à la vie équilibrée, maîtresse de ses émotions, à l'hygiène de vie parfaite, détentrice d'un savoir-faire...
Sur le point de la baguette magique, j'explique d'entrée de jeu que la sophrologie est un outil, et que ce sont eux qui vont faire des miracles en l'utilisant. Je ne peux rien sans eux, ni à leur place.
Sur la question de l'idéal, il m'arrive encore plus souvent de leur confier : Je ne suis pas différente de vous.
J'ai la vie de Monsieur ou Madame tout le monde, avec les mêmes joies et les mêmes affres. Ma voiture tombe parfois en panne, la boulangère me parle mal, mon enfant m'agace, je dois remplir ma feuille d'impôts, les vacances ne se passent pas comme prévues, j'ai des problèmes de santé, je rencontre des déceptions ou carrément des échecs, je me dispute avec une amie, le voisin fait trop de bruit...
Et dans ces situations, je râle, je m'énerve, j'ai une boule au ventre, je cogite à toute vitesse, je pleure, je culpabilise (en fait, rarement), je le réveille à 3h du matin, je ressens de la honte, un sentiment d'incompréhension, de la déception ou de la solitude, je veux absolument avoir raison - ou qu'on me rende justice ou je suis remplie de pensées vengeresses... Je suis sophrologue, j'ai des failles et je suis juste normale.
La sophrologie - comme d'autres thérapies - ne fait pas de vous "le plus fort", pas plus qu'elle ne protège des événements de la vie, ni des réactions instinctives du cerveau et du corps en pareilles circonstances. Je ne suis pas une super-woman vivant sur un piédestal, dans un univers éthéré et merveilleux, et parfois ça fait du bien de le savoir. C'est pourquoi il m'arrive de le partager - dusse mon orgueuil en souffrir.
Alors, à quoi ça sert tout ça ?
Eh bien, la sophrologie est encore la meilleure méthode que j'ai trouvée pour tenir bon, pour accepter (et parfois s'accepter), pour prendre conscience et voir clair, pour choisir avec discernement, pour écouter son intuition, pour s'adapter avec justesse, pour accueillir ses émotions, pour potentialiser la joie, pour mettre son énergie au bon endroit, pour traverser un moment difficile... Et tout le monde peut le faire.
Je ne suis pas différente de vous, mais si vous prenez soin de vous, il est possible que vous, vous deveniez différent.
Laurence Roux-Fouillet
Sophrologue et formatrice en entreprise
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