Mai 68 : une nouvelle "Lost Generation" (le monde moderne les collectionne), c'est ce que je me suis dit très souvent. Une jeunesse volée, et dans laquelle je me rappelle avoir étrangement, inutilement ( si tant est que la souffrance nous apporte quelque chosebeaucoup souffert. Cette "liberté" s'avéra bien vite aussi vide et ennuyeuse que dangereuse. Période d'une grande confusion ! C'est ce décalage entre un monde perdu (celui de l'Algérie d'où je venais, avec ses valeurs "patriotiques" et religieuses qui plongeaient dans la tradition), et l'attitude de mes contemporains, - d'une jeunesse avide de tabula rasa, irrespectueuse et superficielle -, leur désintérêt pour leur propre histoire, leur refus du tragique, leur culte de l' "ici et maintenant", sans passé ni lendemain, cet insupportable décalage, donc, fut ce qui me précipita dans un abîme de mélancolie dont je crus longtemps que je ne sortirais jamais. C'est ce que j'ai tenté d'exprimer dans "Mélancolie au Sud"...