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Les entreprises françaises représentent 63% de la valeur ajoutée et 70% de l’emploi en France. L’enjeu est ainsi de contribuer à flécher davantage l’épargne vers ces entreprises en priorité. Pour encourager cet investissement à long terme, la puissance publique a mis en place des véhicules d’investissement et des mécanismes incitatifs, notamment la loi PACTE, adoptée en 2019, et le Label Relance en 2020.
« Si le potentiel de croissance de l’économie française est évalué en moyenne à 1,35% au cours de la prochaine décennie, contre +2% sur la période 1986-2008, cette croissance peut être soutenue par deux moteurs : des politiques publiques structurelles d’une part et des politiques d’investissement de la part des entreprises destinées à stimuler la croissance et l’emploi alors que la France garde un taux de chômage structurel supérieur à la moyenne européenne (8,2% vs. 7,1%) » relève Romain Aumond, économiste chez BFT IM. Sur ce point, l’effort doit être notamment amplifié en direction des jeunes, au travers de politiques de formation plus ambitieuses (taux de chômage de 18,9% pour les 15-24 ans).
Au cours des vingt dernières années, les entreprises françaises ont certes, créé 3,6 millions d’emplois mais la proportion d’emplois industriels a reculé dangereusemen t. « Si l’industrie représentait 23% du PIB en 1961, elle ne pèse plus que 9% de l’économie française, un déclin spectaculaire que l’on ne retrouve ni en Italie, ni en Allemagne mais qui n’est pas un phénomène irréversible. D’autant que la crise sanitaire a mis en évidence ce besoin de souveraineté industrielle suite aux ruptures de chaînes d’approvisionnement. En outre, le choc énergétique lié au déclenchement de la guerre en Ukraine fait prendre conscience de la nécessité de construire une économie plus résiliente et un nouveau modèle énergétique » précise Romain Aumond. Ce nouveau modèle va nécessiter des investissements considérables : les besoins d’investissements climat d’ici 2028 est estimé à plus de 490 Mds€ à l’échelle de l’économie française selon l’Institute for Climate Economics. Relever ce défi énergétique passe par un effort massif de Recherche & Développement alors que la France accuse un retard en la matière (2,3% du PIB contre 3,1% en Allemagne et 3,5% aux Etats-Unis).
A l’instar de ses voisins, la France subit cette crise énergétique, source d’une inflation inédite (6,0% attendu en 2022 en rythme annuel) mais qui reste inférieure à la moyenne européenne grâce à la dépense publique et la mise en place de boucliers tarifaires. Cette dernière contient pour le moment les effets récessifs de cette crise et protège le pouvoir d’achat des ménages. Néanmoins, le renchérissement du coût de la dette publique aura des conséquences sur la demande interne à moyen terme.
Dans ce contexte difficile pour l’économie française, les entreprises sont en première ligne pour traverser la tempête et financer l’effort d’investissement. Leur besoin de financement estimé à un peu moins de 2.000 Mds€ est assuré à 700 Mds€ par les marchés financiers alors que les crédits bancaires représentent un peu moins de 1.300 Mds€, soit une proportion de 35/65 vs. 15/85 en Allemagne. Les entreprises françaises ont donc davantage recours aux marchés que leurs homologues allemandes, et européennes en général. Le système de financement français se rapproche ainsi davantage du modèle américain.
« En France, on observe une dynamique très forte sur le compartiment des émissions obligataires privées. En incluant les sociétés financières, on estime à 160 Mds€ le volume d’émissions obligataires en moyenne annuelle sur la période 2017-2021. Le marché français se situe à la première place de l’univers Euro IG (Investment Grade) et Euro HY (High Yield). Le secteur financier est le premier émetteur mais tous les secteurs de l’économie sont représentés. En outre, le marché obligataire français se distingue par sa capacité d’innovation. La France est leader du marché européen des émissions Green Social Sustainable, aussi bien sur le compartiment souverain que privé » explique Laurent Gonon, Directeur des Gestions chez BFT IM. A noter également que les entreprises françaises affichent un score ESG globalement supérieur à leurs homologues : 48/100 contre 42/100 pour la moyenne européenne, selon le calcul réalisé par Moody’s ESG Solutions.