Attirée par la couverture et le titre, j'ai succombé à Peau, a propos de sexe, de classe et de littérature est un recueil d'essais de Dorothy Allison réédité chez Cambourakis dans leur collection Sorcières.
Composé de courts textes, ce livre présente différentes réflexions de l'auteure sur sa condition: de femme, d'auteure, de lesbienne, d'activiste, de féministe, issue d'une famille pauvre du sud des Etats-Unis, violentée et abusée dans son enfance. Rares sont les auteurs qui m'ont à ce point touché. Souvent je lis avant de m'endormir, les dents lavées, en pyjama sous ma couette, bien à l'aise. Avec ce livre, toutes mes soirées sont des pyjamas-party avec une copine et des confidences.
"Le bon droit, je leur ai dit, c'est de se sentir nous plutôt que ils. Vous pensez que vous avez droit à des choses, que vous avez une place sur cette terre, et ça fait tellement partie intégrante de vous que vous ne pouvez pas imaginer que des gens comme moi, des gens qui semblent vivre dans votre monde, n'en font pas partie."
Dorothy Allison, Une question de classe, Peau
L'auteure y est touchante, honnête. Le soin apporté à la traduction est perceptible dès l'introduction. J'aime vraiment beaucoup ce format de petits essais sur quelques pages pour développer une idée, qui devient au final une sorte de biographie intime. Ce qui m'émeut c'est la démarche que Dorothy Allison utilise, elle part généralement d'une anecdote personnelle pour l'ouvrir sur une question plus large. Ainsi sans jugement, souvent avec humour et toujours avec honnêteté, elle nous développe son raisonnement.
Je vous conseille ce livre si comme moi l'identité est un sujet qui vous interroge: construire son identité dans une société qui a des normes, dépasser les normes de cette société pour se confronter à ses peurs et son dégouts, trouver sa propre version de l'érotisme et du fantasme. Ce livre, pour peu que vous soyez curieux, est un magnifique ouvrage pour se questionner. Et je vous le recommande.
Portée pas cette lecture, je me met à soliloquer seule.
Dernièrement, et suite à la rencontre avec une de mes anciennes profs de théâtre, j'ai repensé à cette amie qui était dans ce cours. C'était une super copine et du jour au lendemain sans vraiment savoir pourquoi, elle n'a plus donné de nouvelle.
Que ceux qui s'inquiètent, se rassurent, elle est en vie.
Qu'aimerai-je lui dire?
Que j'ai épuisé ma fierté, ma colère et mon orgueil, que maintenant il n'y a plus qu'un vide. Comme la Peau de Dorothy Allison, la mienne est parcouru de cicatrices. Certaines s'effaçants plus rapidement que d'autres. Disparaitront-elles avec le temps? Celle au-dessus de ma lèvre, héritée d'un accident à mes 8 ans, est toujours présente. Elle esquisse une barre sur ma bouche. Tais-toi, semblerai-t-elle me dire.
Et puis il y a ce que nous laisse les rencontres. La tienne. Celle-ci est encore présente, elle ne me fait plus mal mais de temps en temps elle se rouvre. Tu es une plaie, parfois infectée où le pus s'écoule. Ce sont les moments où je suis bête qui font ça, où je me pense assez maligne pour jouer les indifférentes. Puisque j'ai cicatrisé. Mais je finis toujours par y retoucher. Je suis complètement capable de me gratter jusqu'au sang.
Ps: j'ai toujours 2 dvd à toi.