"Yanqui U.X.O." - Godspeed You ! Black Emperor

Publié le 04 juin 2021 par Damien Barthel

Doublé expérimental sur le blog : entre cet article et celui qui sera publié demain même heure, c'est de la musique tout sauf accessible en ce début de juin... 

Et autant l'album de demain, je n'aurai pas de mal à en parler, autant, ici, ça va être difficile. Car c'est le seul album que je connais de ce groupe, groupe dont je connais au final, donc, peu de choses : Godspeed You ! Black Emperor. Un groupe canadien, fondé en 1994 au Québec et tirant son nom d'un documentaire nippon de 1976 sur les "exploits" d'un gang de bikers locaux, le Black Emperors. Le groupe fait ce que l'on appellera du post-rock, et était constitué, à sa création, d'Efrim Menuck (guitare), Mike Moya (guitare), Mauro Pezzente (basse). Le groupe, clairement à gauche de l'échiquier, radicalement anticapitaliste, gagnera une petite légion de fans sans faire trop parler d'eux dans les médias, du moins, pendant leurs premières années. L'album qui nous intéresse ici, et dont je précise le tracklisting vinyle tout en précisant que je ne le possède sous aucun format (pour le CD, c'est pareil, hormis que le premier morceau est sur deux plages audio, contrairement au vinyle où tout a été réuni sur une seule face, chose étonnante, mais bon), est leur quatrième album, et il est sorti en 2002, sous une pochette représentant des bombes larguées par un avion. D'une durée de 75 minutes en CD, il dure 9 minutes de plus en vinyle, chose, là aussi, peu fréquente, c'est souvent l'inverse qui est vrai. 

L'album s'appelle Yanqui U.X.O., titre chelou qui est à la fois le mot espagnol pour dire "yankee" (mais comme il est dit dans les notes de pochette, ce terme fait allusion à une oligarchie d'entreprises multinationale, aussi) et une abréviation utilisée dans l'armée pour parler de munitions n'ayant pas explosé, UnExploded Ordnance. Petit changement dans le groupe au moment de la sortie de cet album : c'est le premier pour lequel le point d'exclamation est situé après le deuxième mot, alors qu'autrefois, c'était en dernier. Détail qui a sans doute son importance pour le groupe, mais qui change, au final, peu de choses. Bon, que dire ? L'album offre 5 titres en CD, seulement 4 en vinyle (mais parce que les deux parties de 09-15-00 ont été réunies en une seule plage audio de 22:40, qui occupe l'intégralité de la face A). La différence de 9 minutes entre le CD et le vinyle concerne ce qui, en vinyle, fait l'intégralité de la face D : Motherfucker=Redeemer (Continued). En CD, cette seconde partie d'un morceau découpé, sur le disque, en deux plages audio dure 10 minutes (la première, sur la face C, dure 21:23 minutes, aucun changement quel que soit le format). En vinyle, elle en dure 19. Quant au morceau restant (face B), Rockets Fall On Rockets Fall, elle dure 20:43 minutes.

Bon, musicalement, Yanqui U.X.O., c'est un truc de malade. Purement instrumental, l'album est peut-être le sommet du groupe, je n'en sais rien, mais je sais que j'ai été scotché quand je l'ai écouté. Pas au point de l'acheter, car comme je l'ai dit, je ne le possède pas, sous aucun format. Je ne sais pas à combien revient le prix d'un vinyle de l'album, je n'ai pas cherché, mais j'ai d'autres priorités. Mais ce disque, découvert via un bouquin proposant une alternative aux fameuses Discothèques Idéales (un livre de Philippe Robert aux éditions Le Mot Et Le Reste, si j'ai bonne mémoire), a quand même été un coup de massue sur l'arrière du crâne doublé d'un autre coup de massue, simultané, dans les couilles et d'un coup de pied dans le bide. Un album furieux, glaçant, flippant, angoissant, qui file une ambiance dépressive et oppressante pendant plus d'une heure, presque une heure et demi en vinyle. Je n'ai écouté le disque qu'en CD, je sais que le rajout du vinyle concerne une longue intro ambient sur la face D et un morceau caché consistant en un sample répétitif d'un discours de George W. Bush, mais je n'ai jamais écouté la version vinyle. L'album est du genre qui marque, il file le malaise, fout les jetons parfois (de même que certains morceaux de Heldon, groupe dont on a parlé ici il y à quelques semaines, le côté minimaliste et froid peut occasionner un certain malaise), et on imagine mal un morceau de ce groupe (apparemment, cet album fait division chez les fans) passer sur RTL 2. Chelou. Puissant, mais chelou. Pas sûr d'aimer, en fait, sans doute est-ce pour ça que je n'ai pas acheté le disque. Mais ça serait dommage de passer à côté. 

FACE A

09-15-00

FACE B

Rockets Fall On Rockets Falls

FACE C

Motherfucker=Redeemer

FACE D

Motherfucker=Redeemer (Continued)