Les escaliers ont occupé une année mon appareil-photo. Il m’arrive encore d’y trouver motif à observation curieuse. Georges Perec ouvre La vie mode d’emploi avec l’escalier de l’immeuble où l’on entend un peu de la vie des gens dont la porte donne sur les paliers. C’est sans doute ce même intérêt qui m’a fait apprécier les escaliers de Sam Szafran : les points de vue depuis le haut, souvent, et le vertige qui peut les accompagner, ou depuis le bas et la perspective de l’effort à venir. J’ai retrouvé dans un livre de Martin Page et Ronan Badel un escalier aussi terrible : celui qui monte à l’étage de l’homme qui va tester l’enfant et juger s’il est apte à être un enfant. De ce promontoire artificiel et posé au centre d’une maison bourgeoise (qui aspire toujours à écraser la modestie des autres), on saurait mieux que quiconque ce que c’est que d’être un enfant. Et qu’il faudrait le gaver, ce petit, de bonbons, et l’empêcher d’exercer sa curiosité. Cet enfant-là, heureusement, retournera à ses observations dans le jardin et tout autour de lui.