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Minuit en mon silence / Par-delà nos corps

Publié le 15 novembre 2022 par Adtraviata
Minuit en mon silence / Par-delà nos corps

Présentation de l’éditeur :

« J’aimais la pluie, tous les visages de la pluie, avec une sorte d’adoration primitive. La pluie lourde des orages d’étés, gouttes de terre enciellées qui délivrent des senteurs torréfiées ; la pluie nocturne et lente des soirées d’automne, celle de janvier, éteinte et engourdie, qu’un vent mauvais houspille, et ma préférée, celle que l’on hume, la nuit, la fenêtre grande ouverte : la pluie, dense et serrée comme la chaume, la pluie invisible des grands espaces et qui est la voix recluse de notre silence. »

Lundi 28 septembre 1914 : un lieutenant allemand, peintre dans la vie civile, est renvoyé au front. C’est en pressentant sa mort imminente qu’il écrit au cours d’une nuit une longue lettre d’amour. Il s’adresse à une femme française dont il préparait un portrait avant le début de la guerre et qu’il est persuadé de ne plus jamais revoir.

Dans un texte qui relève autant du roman, de la poésie et du manifeste, Pierre Cendors présente l’expérience amoureuse comme une aventure fondamentale qui habite notre silence le plus intime. Il y a dans Minuit en mon silence une quête qui fait songer aux Lettres à un jeune poète de Rilke ou aux Disciples à Saïs de Novalis.

Minuit en mon silence / Par-delà nos corps

Présentation de l’éditeur :

Elisabeth a 20 ans quand elle rencontre à Paris Werner, lieutenant-poète et peintre allemand. Mais la Première Guerre Mondiale éclate… Des décennies après, Elisabeth adresse une lettre à Werner, en réponse à celle, pleine d’idéal, qu’il lui avait envoyée du front juste avant de mourir. Elle y décrit ce que sa vie est devenue après leur rencontre et comment les épreuves ont fait d’elle une femme plusieurs fois aimante et aimée, traversée par le désir, le miracle de la maternité, la mort et l’absence. (…)

Un texte en réponse au texte de Pierre Cendors, Minuit en mon silence.

Deux très courts textes achetés en même temps et lus à la suite l’un de l’autre puisque Bérengère Cournut ou plutôt son personnage de femme, Elisabeth, a répondu à la lettre écrite par le personnage de Pierre Cendors, Werner Heller. Pas besoin d’en dire plus que les quatrièmes de couverture.

Je suis restée un peu hermétique au texte initial de Pierre Cendors : on ne peut pas vraiment dire que le style est poétique, la prose est poétique pour dire la reconnaissance amoureuse entre deux êtres qui n’auront pas nécessairement de vivre proches l’un de l’autre pour s’aimer. La distance peut nourrir cet amour et permettre à chacun de creuser sa propre intimité, son moi profond, exercice auquel le commun des mortels se livre difficilement. C’est un texte profondément méditatif, intérieur, écrit par un artiste qui sait la mort proche dans les tranchées de 1914.

En comparaison, la réponse de la femme écrite par Bérengère Cournut est davantage narrative, et donc plus concrète et plus accessible (à mon sens). La jeune femme croisée à Paris par Werner Heller raconte sa vie avant et après leur très brève rencontre. Elle parle de son premier mari, peut-être tué par le soldat allemand, de son errance de veuve, de son deuxième mari et de ses enfants. Elle pressent elle aussi l’existence de ce monde intime, souterrain, qui peut prendre des allures d’océan ou de forêt et qui peut se transmettre de génération en génération. Ce récit est l’histoire d’une femme forte, riche de l’histoire de son corps et de ses amours, une femme dont la médiation au monde passe par le charnel.

« D’une certaine manière, même si cela n’est pas la plus éclatante, nous avons réussi, vous et moi, à nous rencontrer, à nous aimer par-delà nos corps, la guerre et la mort. Vous êtes une goutte d’eau dans ma vie, et c’est cette goutte-là qui, au fil du temps, a étanché ma soif, ma fièvre et mon tourment. J’ai trouvé en vous une ombre bienfaisante, où le fracas et le silence coexistent en une même région retirée. »

Pierre CENDORS, Minuit en mon silence, Le Tripode, 2017

Bérengère COURNUT, Par-delà nos corps, Le Tripode, 2019


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